Bulletin de la Société de Géographie : deuxième série, tome VII

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(149 ) épais; mais je préférais ces souffrances, afin de soulager mes Indiens qui auraient fini par m'abandonner. Après deux jours de navigation dans cette passe, située sur la rive gauche de la rivière , nous apercevons les montagnes de Caraumane. Le troisième jour nous entrons dans un labyrinthe d'îlots qui nous dérobe la vue des grandes chutes qu'il nous aurait fallu dix à douze jours pour remonter directement. Au-dessus des chutes on aperçoit des débris de quelques missions détruites;

les deux bords du fleuve

s'exhaussent, et on aperçoit de grandes chaînes de montagnes. A quinze lieues au-dessus des cataractes, le Rio-Bianco reçoit la rivière Mocajahy sur la rive droite, et en face le Garapé ou crique Teiou (Lézard) qui sort de la montagne de Caraumane. Au-dessus du Mocajahy commencent d'immenses savanes remplies de nombreux troupeaux.

On longe

pendant deux jours les contre-forts de la montagne, puis on atteint l'embouchure du Cawomé à six lieues du Mocajahy et sur la même rive. Le lendemain , 29 juillet, après une forte journée, j'arrivai au fort Saint-Joaquim, situé au confluent du Tacoutou. Le fort Saint-Joaquim est un grand bâtiment carré long, bâti en pierres tirées de la rivière; une douzaine de canons de divers calibres, placés sur une terrasse de plein pied avec le premier étage en forment la défense. Une quinzaine de soldats en composent la garnison. Elle était plus considérable quand les Portugais craignaient les incursions des Espagnols. En effet, la frontière des deux pays n'est guère qu'à vingt-cinq lieues du fort, et en remontant le Carony,

un des af-

fluents de l'Orénoque, les Espagnols auraient pu facilement amener des forces sur ce point, et s'établir


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