Bulletin de la Société de Géographie : deuxième série, tome VII

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( 136 ) vastes prairies couvertes de bétail, source de la richesse des habitants. A deux lieues, sur les derrières de la ville , commence un vaste amphithéâtre de montagnes, prolongement de Velha-Pobre, et qui bornent l'horizon du nord au sud. Je lis une excursion de trois jours dans ces montagnes appelées Wérèré et Paytoune. Sur les roches les plus élevées de Wévèré, on voit des figures bizarres d'animaux et d'arbres, qui semblent aussi fraîches que si on venait de les peindre avec du rocou ; ce ne sont que des accidents de la pierre. Les jésuites ont autrefois exploité des mines d'or dans ces montagnes. On n'a pas pu les retrouver jusqu'à présent. Nous revînmes un peu au-dessus de Montéalègre par le Rio-Curna-Mirim, que je ne vois indiqué sur aucune carte, et qui est cependant assez remarquable : ses eaux sont salées en été, et dans les plus grandes crues, elles sont encore saumâtres et imbuvables ; les petites criques qui s'y jettent ont de l'eau douce. Dans les plaines arides qui bordent cette rivière , on trouve beaucoup de réglisse qu'on exploite pour l'envoyer à Para. Le 27 , je quittai Montéalègre , où j'ai reçu l'accueil le plus amical des autorités et des habitants. On va ordinairement en deux jours de Montéalègre à Santarem, situé sur l'autre rive du fleuve ; mais le temps était si mauvais que je ne pus traverser que le 1er

janvier. La ville est à l'embouchure du Tapojoz, et

sur la rive droite de cette rivière. Je ne voulais m'y arrêter que pour changer d'équipage ; mais il me fut impossible de me procurer des rameurs, parce que les Indiens commencent leurs fêtes le 25 décembre, et ne les terminent que vers le 1 0 janvier. Pendant ces jours privilégiés, on ne peut obtenir d'eux aucun travail. Santarem, qui prend aussi le nom de Tapojoz, d'après


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