Bulletin de la Société de Géographie : cinquième série, toma XVII

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LETTRE DE SIR SAMUEL BAKER.

nécessairement rester comme un champ fermé à toute amélioration, et comme un terrain pour la chasse aux esclaves. En s'opposant aux hostilités actuelles, en offrant une protection aux différentes tribus, il ne peut être douteux qu'on ne vît un commerce étendu succéder bientôt à ce criminel trafic d'êtres humains. Le vice-roi a donc résolu d'exercer son autorité pour faire cesser ce honteux état de choses trop longtemps négligé ; il veut, par l'introduction du commerce, poser le premier fondement d'un trafic légitime qui sera le pionnier de la civilisation. Comme Son Altesse m'a confié le commandement de l'expédition, je me propose de lancer sur l'Albert N'yanza un petit steamer avec des embarcations construites en Angleterre pour cet objet. Après avoir entièrement exploré ce grand lac, j'établirai des stations de commerce le long de ses rivages, à des intervalles convenables pour former une chaîne de communication en ligne directe à partir de Gondokoro. Chaque station sera fournie de marchandises remises à un agent qui échangera les objets européens contre de l'ivoire, de la cire, des peaux. Protégé par une escorte suffisante, je pourrai de suite abolir le commerce des esclaves, et en même temps je serai à même de compléter mes premières découvertes par une exploration étendue des sources du Nil. J'espère que cette expédition, non-seulement servira les intérêts de la contrée limitée du bassin du Nil, mais encore ouvrira une route à la civilisation jusqu'au cœur de l'Afrique. Dans l'espérance de recevoir les souhaits favorables de la Société de géographie de Paris, je suis, Monsieur le Président, votre obéissant serviteur.


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