Mémoires de Billaud-Varennes

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d'acajou de cèdre. Indépendamment des peintures, les chambres étaient décorées de tapisseries de coton, de poils divers et de plumages; mais les lits ne répondaient pas à ce décor ; car ils se composaient de nattes, même celui de Montézume. Ce prince avait douze cents femmes, logeant toutes dans son palais; quelques historiens lui en donnent même trois mille, en comprenant les demoiselles, les servantes et les esclaves: ces demoiselles étaient nobles; il se reservait les plus belles, et mettait le reste à l'usage des gentilshommes de sa cour. les Espagnols prétendent qu'il avait à la fois jusqu'à cinquante femmes enceintes de ses oeuvres; mais que souvent aussi elles se faisaient avorter, sachant bien que leur fruit n'hériterait pas d'un royaume qui était électif. Toutes avaient pour surveillantes des espèce» de duegnas, et il n'était permis à aucun homme de les voir , à moins qu'il ne fut incapable , par l'âge ou un défaut de conformation ; mais on n'avait jamais recours à ce moyen de nullité que l'on pratique en Asie et à Rome (52). Outre ce tepac ou palais, Montézume en avait deux autres dans la même cité L'un contenait aussi un grand nombre de logemens avec des galeries soutenues de pilliers de jaspe, donnant suide vastes jardins, où il y avait douze étangs à vanne ou a écluse, dont les uns étaient d'eau salée pour les oiseaux de mer , et les autres d'eau douce pour ceux de rivière ou de lac : leur nombre était si grand, leurs espèces si variées, et leurs plumages si divers, que les Espagnols ne pouvaient les nommer ni les reconnaître, n'en ayant jamais vu de semblables ailleurs. Plus de trois cents personnes étaient employées au service du tepac des oiseaux, pour les nourrir de grains


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