Mémoires de Billaud-Varennes

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( 56) CHAPITRE XII. Calomnie reconnue. — Entrée à Mexico.

CE fut à Tezcuco que le libérateur FerdinandCortez termina ses préparatifs pour le siège de Mexico, dernier azile des défenseurs de la patrie. Les brigantins étant montés , le conquérant fit construire, en cinquante jours, par quatre cent mille hommes, un canal d'environ une demilieue de longueur, sur quinze pieds de large et deux toises de profondeur. Quand il fut achevé, on calfeutra les brigantins avec des bourres de coton, et les calfats manquant de suif et d'huile , se servirent de graisse humaine, non que Cortez, disent les auteur Espagnols, leur permit de tuer des hommes pour obtenir cette substance ; mais ils la tiraient seulement de ceux qui périssaient dans les sorties fréquentes qu'ordonnait l'empereur , afin d'empêcher cet ouvrage. « Les Indiens, ajoutent ces auteurs, étant accoutumés à immoler des hommes, les ouvraient tout vivans et en tiraient la graisse pour l'employer à différens usages.» Or, cette assertion, mille fois répétée, fut toujours dénuée de preuves et démentie autant de fois : les oppresseurs, dit Mirabeau, calomnient souvent leurs victimes. Des que les brigantins furent lancés à l'eau , Cortez fit la revue de son a r m é e , qui consistait en neuf cents Espagnols, dont quatre vingt-six à cheval, munis de pistolets et de manchettes (23): le reste était armé d'arbalètes et d'arquebuses, d'épées et de poigards, de hallebardes et de lances ; et


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