Mémoires de Billaud-Varennes

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(55) à Tlascala , il y envoya Gonzalès de Sandoval, pour les faire apporter. Ce lieutenant les rencontra sur la frontière, où huit mille hommes les portaient démontés sur leurs épaules avec tous les objets nécessaires à leur service. Le convoi était escorté par vingt mille soldats, et mille tamenez ou portefaix l'accompagnaient avec les vivres. Teutecalo commandait Pavant-garde , Tupiliti le centre et Quirimecatel l'arrière-garde : ces trois chefs Indiens avaient été reconnus gentils hommes. Gonzalès s'étant mis à la tête de cette armée, avec cent Espagnols, elle entra dans la ville au son des cors et des trompettes : ces vingt mille nouveaux guerriers, dont les têtes offraient une foret de plumes onduleuses , mêlaient leurs cris aux acclamations du peuple et des soldats, autres esclaves de Cortez, et l'on entendait retentir ces mots de raliement, répétés à l'envi par des perroquets belliqueux : Tlascala, R o m e , E s p a g n e ! mais nulle voix ne s'élevait pour faire entendre un cri de liberté. Au bruit de l'arrivée des brigantins et de ces troupes, plusieurs autres provinces s'empressèrent de se soumettre et d'offrir leurs services au trop heureux Cortez , les uns par amour pour la paix, autant que par la crainte d'une ruine entière , les autres par la haîne ou la rivalité qui les armait contre les Mexicains ; de sorte que Cortez était certain d'un triomphe complet, non-seulement par ses propres soldats, mais aussi par les Indiens qui l'avaient joint en foule , et sa cour n'était pas moins grande à Tezcuco , dont il avait proscrit le r o i , que ne l'était naguère à Mexico celle de l'empereur dont il avait causé la mort.


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