Mémoires de Billaud-Varennes

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dance de tous les biens de cette vie. Une chose dont ils se vantent, c'est l'éducation qu'ils ont donnée aux jeunes indiens attachés à leur monastère, en leur apprenant à danser le fandango, on autre danse, au son de la guitare. Ils nous le démontrèrent, après souper, par une vingtaine d'enfans, jolis et des deux sexes, âgés au plus de quatorze ans, qui chantèrent jusqu'à minuit des chansons espagnoles et indiennes, cabriolant avec des castagnettes d'une manière si piquante, que nos jeunes apôtres, et les vieux m ê m e , y prirent beaucoup de plaisir. Quelques-uns, il est vrai , trouvèrent ce spectacle un peu étrange, et qu'il eut mieux valu instruire ces enfans de choses pieuses et bonnes ; mais plus nous allions en avant, plus nous trouvions que les devoirs de la religion étaient méprisés ou trahis, et que la vanité ainsi que la mollesse régnaient avec audace parmi ceux qui avaient juré de renoncer au monde. Si Guacocingo a presqu'autant reçu de priviléges des rois d'Espagne que Tlascala, c'est que les habitans de la première ville se joignirent à ceux de la seconde et à leurs autres alliés aussi peu patriotes , pour soutenir les premiers conquérans. Voici comment les historiens espagnols s'expriment sur ce fait : « Les indiens de Guacocingo étaient déjà les alliés des babitans de Tlascala, de Cbolola , de Huacacola et de Chalco , tous ennemis d'un cruel esclavage, lorsque ceux-ci firent demander du secours à don Fernand, contre les Mexicains qui avaient fait des dégâts sur leurs terres; mais le héros, alors trop occupé de ses préparatifs pour assiéger la capitale , pria les Guacocingos et leurs amis de secourir ceux de Chalco, ce qu'ils firent soudain avec tant de vaillance, qu'ils ravirent les


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