Mémoires de Billaud-Varennes

Page 61

( 47 )

les Espagnols, et, assurant leur liberté, rendirent la vie au commerce, qui refleurit à l'ombre de La paix. Appelée autrefois Azetlacoapan, cette ville des Anges est le siège d'un évêché, dont le revenu annuel s'élevait, en l'an X de notre république, à quatre-vingt mille ducats. L'air est si pur dans ce pays, que le nombre des habitans s'accroissait chaque jour de ceux des environs. Trois mille citoyens de Mexico vinrent s'y établir, en 1631, quand cette capitale se vit près d'être submergée par l'inondation du lac où elle est située. On remarque sur-tout la ville que j'explore par la bonté des draps qui s'y fabriquent, et on lestrouve égaux en qualité à ceux de Ségovie. Les chapeaux y sont les meilleurs de toute la province, et l'on y voit une fort belle verrerie ; mais ce qui l'enrichit le plus, c'est qu'il y a un holel des monnaies, o ù , comme à Mexico, on frappe la moitié de l'argent qui provient des mines de Zacatecas. Hors de la ville, sont de vastes jardins qui la fournissent d'herbes, de légumes et de salades. Des fermes à froment, riz , indigo , café et s u c r e , abondent dans son territoire. Une de ces dernières, appartenant aux Jacobins, est d'une si grande étendue, qu'ils y entretenaient plus de douze cents nègres. Observons, une fois pour toutes , que la plupart des moines font souvent le commerce, par fois la contrebande, et sont aussi cruels que les colons envers leurs malheureux esclaves. Entre celte ville des Anges . où il n'y en a guère, et la cité de Monlézume, la ville qui paraît la plus considérable s'appelle Guacocingo. On y trouve un couvent de Cordeliers, qui nous reçurent à merveille,. Ils jouissent aussi en abou-


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.