Mémoires de Billaud-Varennes

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la ville des Anges, où quelques-uns de n o u s , si je puis m'exprimer ainsi, firent les diables, étant fêtés par des confrères qui leur procurèrent d'adord l'agréable société d'une douzaine de nonnettes. En nous promenant par la ville, nous eûmes lieu de remarquer son opulence, non-seulement par le commerce qui s'y faisait encore , mais par le nombre des couvens qui y sont établis, pour son bonheur, et je dis cela en bon moine , qui , avant tout, doit s'occuper, de la prospérité du froc. La Puébla de Los-Angeles est riche de six monastères, où vit gaillardement dans chacun deux , une compagnie , au complet, de Jacobins, de Cordeliers, de Capucins , de Carmes , d'Augustins , de Mercites ; et sans compter quatre couvens pour le beau sexe. Cette ville est assise dans une fertile vallée, au bord d'une rivière , à douze lieues d'une haute montagne en tout temps couverte de neige, et à vingt lieues de Mexico. Don Antoine de Mendoza , vice-roi du Mexique , la fit bâtir en 153o, du consentement d'un évêque, Sébastien Ramir, qui avait été président à Saint-Domingue, ensuite à S a n - J a g o , et était devenu chancelier du Mexique. Il remplaçait D. Nunio Gusman , lequel s'était conduit d'une manière tyrannique envers les indigènes et ses compatriotes, quoiqu'il eût pour adjoints des juges-conseillers prudens et équitables, qu'on nommait Jean de Salmeron , François Ceynos, Gasco de Quiroga (20) et Aionze Maldonado. Ces juges, dont les noms méritent d'être conservés, ayant fait chasser Nunio, rappelèrent les Indiens, qu'un tyran subalterne avait forcés de fuir à Xalisco , à Honduros, à Guatimala, où leurs compatriotes étaient en guerre avec


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