Mémoires de Billaud-Varennes

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rer cette ville mexico-espagnole, et vîmes qu'elle était fondéesurun terroir très-sablonneux, excepté vers le sud , où la terre est marécageuse , pleine encore de fondrières, ce q u i , joint aux grandes chaleurs, rend ce lieu fort malsain. Le nombre de ses habitans peut être d'environ dix mille, de diverses couleurs. Nous ne nous arrêtâmes guère à remarqner les édifices , car ils sont presque tous construits en bois, plusieurs églises m ê m e , d'où il résulta trop souvent, surtout lorsque le vent du nord soufflait avec fureur, que cette ville était brûlée en peu d'heures, à rase terre. Le grand commerce que l'Espagne fit long-temps au Mexique, et, par cet empire, aux deux Indes, rendit la Vera-Cruz l'entrepôt général de toutes les richesses et marchandises du continent de l'Amérique et des bords qu'arrose le Gange ; mais l'insalubrité de l'air est cause que la ville a si peu d'habitans. Leur petit nombre, néanmoins, avec ce commerce étendu, les rendait extrêmement riches, et ils l'eussent été bien plus encore, sans les pertes fréquentes qu'ils ont faites toutes les fois que la ville a été incendiée. Quant à sa force, elle consiste en ce que l'entrée du Vieux-Hâvre est difficile et dangereuse, ainsi qu'en ce rocher qui la domine à une portée de fusil, et sur lequel on a bâti une assez bonne citadelle où l'on entretient garnison. Les navires n'osent mouiller qu'à l'abri des rochers et de la forteresse , où l'on ne les croit même en sûreté qu'après les avoir amarrés avec des cables ou des chaînes à des anneaux de fer fortement scellés dans le roc. Il est néanmoins arrivé que des vaisseaux étant portés par le courant de la marée d'un autre côté de l'abri , furent jetés contre les autres roches


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