Mémoires de Billaud-Varennes

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tenu à l'aide des Anglais, de l'avantage que nous venons de remporter, parceque nous pourrons maintenant envoyer des troupes pour assujetir les rebelles. » — « Qui sait, dit un de ses collégues, à quelle classe d'animaux les Américains appartiennent ? » Voilà sous quels auspices commença cette guerre; et la manière atroce dont elle fut conduite prouve la haîne irréconciliable des deux partis. Les Espagnols combattent pour recouvrer le territoire qu'ils avaient possédé, elles Américains pour obtenir l'indépendance Cruels dans le triomphe, les premiers deviennent encore plus cruels dans l'adversité ; les derniers, hardis dans l'attaque, et conservant dans la défaite de la confiance en leurs chefs, se rallient constamment sous leurs bannières: les uns comme les au très montrent dans les combats et dans toutes leurs entreprises une audace étonnante et une rare fermeté. Des milliers de combattans ont déjà inondé de sang américain et espagnol seize cents lieues de territoire, que comprennent ces colonies du nouveau continent ; e t , comme si la mort ne moissonnait pas assez d'hommes sur les champs de bataille, de nombreuses victimes sont chaque jour égorgées de sang froid. Mais quels sont ceux qui les premiers donnent le criminel et dangereux exemple de violer les capitulations, de tuer les vaincus, de rejeter tout moyen d'accommodement ? les Espagnols. Dans cette horrible guerre, entreprise au nom des Cortés et de Ferdinand VII, je défie leurs guerriers de trouver un seul mot à dire pour colorer de l'ombre d'une excuse leur inhumanité et leur manque de foi depuis le premier jour de l'insurrection jusqu'à celui ou j'écris cette page : des faits trop avérés viendront appuyer dans mes notes cette sévère assertion (34).


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