Mémoires de Billaud-Varennes

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La junte Sévillanne, voulant les abuser pour les, rendre à leur apathie, publia un pompeux décret, qui déclarait l'Amérique Espaguole égale à la mère-patrie. Mais néanmoins , nulle réforme ne fut faite dans le gouvernement des colonies; et tandis que la junte en recevait continuellement des subsides énormes, elle envoyait des Espagnols pour y remplir tons les emplois publics. Telle était la protection qu'elle donnait aux intérêts du nouveau-Monde ! Quand la junte centrale fut chassée de Séville par les français et par le peuple, quelques-uns de ces membres, quoique proclamés traîtres, se réunirent dans l'île de Léon ; mais redoutant la mort qui les y menaçait, ils cédèrent l'autorité à une espèce de régence , composée de cinq nobles, dont le pouvoir ne s'étendait que sur Cadix et la Galice , les seules parties de l'Espagne qui n'eussent point encore été conquises. Les membres de ce directoire , sentant bien l'illégalité de leur élection et la faiblesse de leur autorité, n'osèrent même pas faire connaître leur existence au peuple Américain, jusqu'au moment où leurs prétendus droits furent enfin soutenus par un manifeste des négocians de Cadix, vide o ù , bientôt après, ils fixèrent leur résidenc. Les directeurs adressèrent alors aux colons incertains, une superbe et longue proclamation, qui sera un des documens les plus précieux pour l'histoire de l'insurrection Américaine ; car la régence , qui avait besoin de secours, y avoue forcément le despotisme que chaque gouverneur avrit fait peser si longtems sur les Américains. Le passage suivant, extrait de cette pièce, est extrêmement remarquable. « Américains ! vous fûtes longtems accablés sous » un joug oppressif, et d'autant plus pesant , que


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