Mémoires de Billaud-Varennes

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quoique le peuple attendit généralement tout autre chose. Cette décision obligea don Amar , qui gouvernait la nouvelle Grenade, à composer une autre junte des personnages principaux de Santa-Fé , sous le prétexte de leur demander des conseils ; et la junte ; assemblée dans le palais du vice-roi Amar , le 7 septembre , se déclara pour le parti adopté par Quito , dans l'espoir qu'en reconnaissance la junte centrale d'Europe , et agissant de concert avec elle , on préviendrait toute espèce de trouble , dans le cas où la péninsule serait absolument conquise par les Français. Le vice-roi, qui n'avait d'autre intention que celle de connaître l'opinion publique , se hâta de dissoudre un conseil trop sincère, en indiquant une réunion nouvelle pour le 11 du même mois ; et, comme il était sourd , il demanda que chaque membre de la junte y apportât son vote par écrit. Au jour fixé pour cette seconde séance , le peuple de Quito parut étrangement surpris des préparatifs militaires du vice-roi : la garde du palais était doublée, les troupes des casernes en mouvement, comme si l'ennemi était aux portes. Mais l'assemblée se réunit, et chacun présenta son vote, malgré cet appareil du despotisme. Ces votes écrits ajoutaient de la force aux opinions exprimées par les membres de la première junte; : Camillo de Torrès, Padilla, Guittierez , Grégorio, GuttierezMorino, Fruto et d'autres, se rendirent célèbres, dès cette époque, par leur patriotisme, qui, cependant, n'était point assez populaire. Secondé par don Abascal , vice-roi du Pérou , celui de Santa-Fé fit marcher des troupes nombreuses contre la junte de Quito. Ses défenseurs , après quelques engagemens, cédèrent à des for-


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