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Fidèle Chrysostôme, où êtes-vous ?... Et toi, mon cher Azor, pauvre banni, en quel lieu portestu ton dévouement, et où pourrai-je te prouver ma gratitude ? J e donnerais la moitié de mon or, pour retrouver mes deux amis î Un second bulletin , parvenu au prieur dans un autre volume de Saint-Jérôme , m'avait été remis le soir de mon départ ; mais ces nouvelles étaient vieilles, par la négligence ordinaire de messieurs de la poste. Je revins dans la capitale le 8 mai 1809 ; voici, jusqu'à ce jour, ce qui arriva au Mexique; et je raconterai la suite comme elle eût lieu sub oculis, jusqu'à un certain point : En 1808, les troubles de la péninsule, après l'invasion du maître de l'Europe , les querelles des juntes, ces assemblées provinciales si discordantes, dont chacune voulait s'attribuer le suprême pouvoir sur l'Espagne et les Indes , tout semblait présenter à l'Amérique , fatiguée par trois siècles de souffrances continuelles, la précieuse occasion de conquérir sa liberté. Mais les patiens indigènes avaient encore l'attachement de l'habitude pour la mère patrie : les nouvelles du continent leur parvenaient, d'ailleurs, tellement altérées, contradictoires , la résistance de la nation espagnole leur paraissait si noble , la position de ses princes si malheureuse, q u e , retenus par la surprise , émus par la compassion, ils perdirent, à cette époque, l'heureux moment d'agir, et fournirent à leurs tyrans les moyens de combattre le soldat roi des rois (31). Dans cette circonstance, la conduite des gouverneurs en Amérique offrit un grand contraste avec celle des gouvernés ; les premiers , à l'exception du vice-roi de Mexico, étaient prêts à jurer fidélité à Bonaparte , comme le prescrirait le