Mémoires de Billaud-Varennes

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( 106 ) quoique je puisse dire que j'ai été les prendre ailleurs , j'avouerai franchement qu'après avoir ainsi donné le change aux Petapas, afin qu'ils pussent croire que j'allais dans le voisinage, j'ai été à la Vera-Paz , pour y voir un ami... — Je le savais ; mais l'on affirme encore que cet ami, négociant de Mexico , est un des Jacobins de cette capitale, qui vont , de ville en ville, semer le trouble et prêcher la rebellion. — Vous m'étonnez à un tel point... Quoi ! cet homme religieux, ami des lois , serait tout-à-coup , devenu ?... Ah je ne saurais croire... Est-il possible !... — J e vois avec plaisir cette surprise , et saurai la faire valoir. — ( Plaisante-t-il ? ) Daignez , sur tout le reste, par commission rogatoire , prendre des informations auprès de don Gusman, le digne alcade...— Un Indien ! — ( L a bonne caution ! ) Mais les gens de toutes couleurs de cette pieuse paroisse rendront justice, comme l u i , à la droiture de mes intentions...— En leur faveur, et c'est là votre plus grand tort... Ici, je pus voir clairement dans les yeux de don Rabolos, que de ce tort, frondé de bouche, son cœur me faisait un mérite. Mais il se lève : — On passe sur votre Indienne , sur une noce où vous dansâtes... — Cent témoins prouveront... — Même sur vos miracles... Il ne s'agit que de trois imputations plus ou moins graves, dont vous aurez à vous défendre en présence du tribunal : je le préside ; mais j'ai quatre assesseurs qui sont prévenus contre vous. Mon frère, je désire sincèrement voir éclater votre innocence, et je l'espère... Adieu. Un bon diable , malgré la robe ! mais, je prouve de mon côté, que l'habit ne fait pas le moine.


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