Mémoires de Billaud-Varennes

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abrutie , pleine d'ignorance et de vices , des automates indignes de représenter et d'avoir des représentans. )

6°. Que la convention originaire faite entre le monarque et les premiers colons de l'Amérique, par lequel acte, il était stipulé : que les emplois publics seraient donnés de préférence aux premiers conquérans de ce pays , ( 2 8 ) , aux descendans de ces héros , aux pacificadors, aux colons, même aux indigènes, n'a pas reçu encore son exécution. ( Sur cent soixante vice-rois et plus de six cents officiers supérieurs , nommés par la cour espagnole pour administrer l'Amérique , on ne comptait pas vingt créoles, encore n'avaient-ils obtenu de remploi que parce qu'ils avaient été élevés en Espagne, avantage dont jouissaient bien peu d'Américains, puisqu'il leur était défendu de visiter la péninsule, sans la permission expresse de Sa Majesté Catholique, laquelle en était fort avare. ) 7°. Que l'Espagne étouffait toute industrie en Amérique , en ne permettant pas d'y établir aucune espèce d'usine ou de manufacture ; et que malgré l'impossibilité où elle était de fournir les denrées que consomme le peuple américain, elle restreignait la culture, ou la défendait même entièrement sur son territoire natal. Arrétons-nous un peu et seulement sur les restrictions que la mère-patrie mit toujours à la liberté de la culture, chez ses trop dociles enfans. Dans ses possessions au sud de Panama , on avait limité, pour le tabac, le nombre des plantations ; si le maître de l'une d'elles avait eu le malheur de faire cultiver un seul pied de tabac de plus qu'on ne l'avait permis , il payait une forte amende, et toute sa plantation était détruite ; et cependant l'Espagne était obligée, tous les a n s , d'acheter aux


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