Mémoires de Billaud-Varennes

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état ; mais donnez leur des armes . et qu'ils entendent pour la première fois, un cri d'indépendance (19)... Malgré les faux raisonnemens et les barbares sollicitations des gouverneurs de l'Amérique , les rois d'Espagne, il faut le reconnaître, n'ont jamais consenti à soumettre les Indiens au joug qui écrase les nègres ; mais la vie des premiers n'eu est pas moins tout aussi misérable que celle des seconds. J'ai connu de ces indigènes , qui , à leur retour de la ville, où ils avaient servi comme valets, de riches Espagnols , dont ils n'avaient reçu que des coups, des blessures, venaient à Petapa se jeter sur leur natte au fond de leur chaumière , y appeler la mort, comme le seul remède à une si triste existence , refuser tous les alimens que leurs femmes leur présentaient, et se laisser mourir de faim , malgré nos exhortations.' Chaque commune est tenue de fournir un certain nombre d'ouvriers aux Espagnols qui en demandent , par droit de réquisition ou plutôt de corvée : à cet effet il y a dans chaque district uu officier , appelé le repartidor , ex-laquais protégé, qui envoie , le dimanche, dans les villages ou bourgades de son ressort, une liste des corvéïeurs de la semaine , qui doivent, le lundi matin, sous peine de prison, d'une amende et du fouet, se trouver au chef-lieu avec des vivres et leurs nattes , et de là , être répartis dans les maisons ou dans les fermes. Quelques-uns manquent à l'appel, mais le commis ne s'en plaint pas, l'amende tombe dans sa bourse ; il touche en outre un demi - réal pour chaque travailleur ce qui produit beaucoup par an, car il y a tel de ces scribes dont le contrôle hebdomadaire est do quatre cents Indiens,


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