Mémoires de Billaud-Varennes

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(27 ) offrait des combats de taureaux, des courses à cheval, des bals masqués , des spectacles profanes, des comédies pieuses, où accouraient en masse les Guatimalans. Tout ce fracas plaisait beaucoup à Chrisostôme; d'ailleurs, le curé espagnol de ladite bourgade méritait, nous dit l'autre, une visite, par son esprit, sa bienveillance, son affabilité. Nous eûmes donc , pour nous, la complaisance de nous écarter du chemin , et de faire trois fortes lieues par de rudes coteaux , afin d'assister à la foire et au festin, où le pasteur du lieu régalait ses confrères des villages environnans. Mais nous voilà enfin à Chimaltenango : nous traversons la foule qu'y attire la fête ; nous arrivons chez M. le curé. Il était à l'autel, en attendant la table : reçus par son aide-de-camp , nous apprenons de ce jeune indigène, qui nous accueille sèchement, malgré son bavardage, que don Lue Hildrago était bien né dans la Péninsule espagnole; mais qu'il avait été, dès sa jeunesse , élevé au Mexique , et qu'en prenant l'habit dans un couvent créole de Guatimala, il avait également pris l'esprit de ces religieux, c'est-à-dire, une aversion de janséniste pour tous ceux qui venaient d'Espagne ; qu'il était, au surplus, grand ennemi de don Alvar et du prieur de cette ville , pour lequel nous avions des lettres , parce qu'il joignait à sa haine l'envie d'obtenir, par l'appui du créolisme, la place de l'un d'eux. Ah ! ah ! est ce que le curé, amateur de miracles , aurait voulu se moquer de ses frères ? . . . Il serait peu plaisant. . . .mais chut! on annonce Hildrago : « Soyez les bien venus, Messieurs d'Espagne, » nous dit en nazillant, un petit homme jaune , sans dents, trapu, paré comme un devant d'autel, avec


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