Mémoires de Billaud-Varennes

Page 236

( 6 ) de tons les moines espagnols : ils étaient à la queue pour nous demander des nouvelles du cher pays, dont je ne disais rien, par une assez bonne raison ; mais je leur parlais de Cayenne où j'avais voyagé dans ma jeunesse pour ma santé, et ils ne savaient pas combien cette île est insalubre. Dailleurs nul ne venait nous voir sans être muni de l'amphore ; on se divertissait au lieu de raisonner. Ces trois jours de prison, que nous passâmes au surplus dans un repos canonical, sans aller à matines, furent pour nous comme trois jours passés à la cour du roi de Cocagne.

CHAPITRE

II.

Je redeviens Maître d'école. -— Le Gentillâtre.

OR le distique improvisé fut rapporté au bienveillant prieur, qui le cita au bon provincial, qui en fit part au vieil inquisiteur, qui vint le lire au noble évêque, lequel m'ayant fait appeler auprès de lui, s'entretint avec moi d'instruction publique: nous parlâmes latin ; e t , franchement je vis, à certains solécismes, que j'étais, sur ce point, plus ferré que son éminence. Quoi qu'il en soit, elle daigna m'assurer sa protection, et me donner l'expectative d'un honnête vicariat. En attendant, don Théotime me pria d'agréer l'emploi d'instituteur des enfans que les habitans de Chiapa envoyaient à leurs frais apprendre dans notre couvent la grammaire espagnole et la langue latine; instruction d'un grand rapport pour la caisse des jacobins : cette place pénible et inavantageuse ne me souriait guère ; j'en avais déjà exercé


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.