Mémoires de Billaud-Varennes

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CHAPITRE XXVI. Accapareurs. — Une Excommunication.

UN brave jacobin, Irlandais de naissance, écrivit, il y a deux siècles, la narration détaillée de ce soulèvement, dont il avait été témoin. « Parce que cette histoire, disait-il dans son « préambule , est mémorable et peut servir « d'exemple en ce monde où nous sommes aux « autres nations , afin qu'on n'envoie plus de c gouverneurs avares ni de prélats emportés et

« remplis d'orgueil dans Vautre monde,

j'ai cru

« qu'il était nécessaire d'en faire le r é c i t , que « je commence de la sorte. » En l'abrégeant, je vais aussi narrer ce fait épisodique, qui fournira d'ailleurs une nouvelle preuve de la tyrannie exercée dans tous temps, contre les Indiens et les créoles. L'impartial historien doit pourtant reconnaître que le comte de Gelves, l'un des descendans de Cortez , possédait quelques-unes des qualités de l'administrateur : les Espagnols honnêtes l'appelaient le juge sévère, le chien qui dévorait tous les brigands, le feu qui poursuivait tous les pêcheurs dont le damnable goût prenait Mexico pour G o morrhe. En effet, ses prévôts et sa maréchaussée, qu'il avait toujours en campagne, nétoyaient tous les grands chemins des bandits qui les infestaient, et ils étaient expédiés plus vite encore qu'à Domfront, tandis que ses alguazils faisaient la chasse aux vils partisans d'un amour honteux et cri-


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