Journal des débats et lis de du corps législatifs

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298 entraîner la leur; ils avoient déclaré solemnellement qu'ils n'étoient pas citoyens de l'Etat : étrangers désormais au milieu des Français, dont ils ne vouloient partager ni l'opinion ni les devoirs , ils avoient prononcé leur propre arrêt. L'exil dut être leur récompense. Tous les principes , l'usage de tous les peuples, accourent à l'appui de cette mesure. Les suites ont démontré qu'elle fut un acte d'indulgence et d'humanité. Frappés par les lois de 1792 et de 1793 , leur rébellion ne devint que plus ouverte, et leur attachement à la cause des émigrés et des rois mieux prouvé par une désastreuse expérience. Par-tout ils fomentèrent des troubles et des dissentions ; ils enfantèrent et alimentèrent avec une barbare opiniâtreté l'horrible guerre de la Vendée ; ils se glorifièrent de sacrifier chaque jour des victimes égarées à leurs saintes fureurs ; ils firent dresser partout les échatauds d'une foule de malheureux cultivateurs , qui vivroient encore innocens si ces scélérats avoient obéi aux lois qui leur commandoient l'exil : mais ta postérité n'oubliera pas que par-tout leur cri de ralliement fut la religion et le roi, et qu'ils ont manifesté l'horreur la plus protonde pour la République et les républicains. Pend me l'épouvantable réaction qui a désolé la France, et dont les crimes ne peuvent plus être révoqués en doute que par des traîtres ou par des insensés , les conspirateurs s'empressèrent d'appeler à leur aide les prêtres déportés , et des hommes trompés crurent qu'éclairés par le malheur , ils seroient corrigés par le pardon et par une indulgente tolérance : ils se répandirent de nouveau sur la surface de la République , et avec eux les assassinats et la proscription des républicains. Leurs protecteurs , effrayés de leur audace, furent obligés de les réprimer dès le 10 fructidor an 3 : mais ces éternels conspirateurs machinèrent avec plus d'audace la ruine de la République ; ils prêcherent le refus de l'acceptation de la Constitution républicaine, et vendémiaire les vit coalisés avec les sections dominées par les rebelles ; plusieurs d'entre eux correspondoient avec le président de la section Lepeletier. Le canon de vendémiaire et la loi du 3 brumaire , en leur apprenant que la République existoir encore, les bannissoient une seconde fois ; mais presque par-tout des conspirateurs appelés dans les fonctions publiques , leur assurèrent une scandaleuse protection. Les bulletins des désastreuses élections de l'an 3 furent écrits presque sous leur dictée ; bientôt le 7 fructidor les vit reparoître triomphans et plus furieux encore; alors les cloches de Camille-Jordan annoncèrent par - tout les funérailles de la République et le deuil de ses défenseurs, tandis que les prêtres déportés applaudissaient au carnage et prêchoient e établissement de la royauté,


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