Journal des débats et lis de du corps législatifs

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191 conséquente ; on ne peut voir dans le séquestre qu'elle ordonne ­qu'une mesure provisoire, et non une peine permanente. Je demande la question préalable, sur le projet. Je voulois écrire mon opinion ; mais quand j'ai vu dan» le rapport les mots de justice et d'h umanité accollés aux mesures les plus atroces, je n'ai pu retenir mon indignation ; mes ch eveux se sont dressés sur ma tête : j'ai cru voir le sourire sardonique sur les lèvres de celui qui enfonce un poignard. Je demande la question préalable, ou plutôt, comme il y a un an que le projet a été présenté, et qu'alors le grand ar­ gument des circonstances étoit dans toute sa force, je demande qu'il soit fait un message au Directoire, pour lui demander si les circonstances actuelles sont de nature à exiger de pareilles mesures de sûreté générale. Mais, quelle que soit sa réponse, mon opinion est irrévocablement fixée. Vous parlez de dépor­ tation, sans fixer le lieu où elle doit se faire : abandonner le ch oix au Directoire , c'est lui donner le droit de vie et de mort sur les déportés. Il enverra les uns, comme les Bour­ bons, en Espagne; les autres, il les confinera sur une plage brûlante , pour les y faire périr de faim , de misère , de ma­ ladie. Non, je ne conçois pas comment Poullain ­ Grandprey a osé faire un pareil rapport, ni comment le Conseil a pu l'entendre. Plusieursmembres: Aux voix le projet. Le président : On demande d'aller aux voix. Rоисhoп : Citoyen président, je n'ai pas encore fini. Je con­ clus et je demande que l'on fasse cesser, non­seulement les effets de la déportation , mais la déportation , attendu que depuis le 18 fructidor les circonstances ont ch angé. On murmure et l'on rit. Rouchon: Je concevrais ces rires s'il étoit question de pardonner, mais je ne puis les concevoir quand il est question de punir. Poullain-Grandprey : Je demande que le Conseil entende tous les orateurs ; mais je me réserve de répondre au préc­ pinant. Plusieurs voix : Cela n'en vaut pas la peine. Poullain-Grandprey : Je me contente de lui observer qu'il est dans l'erreur. Si mon projet n'a point été soumis plutôt à la dis­ cussion , la cause en est dans les travaux multipliés du Conseil, et dans une maladie grave qui m'a retenu long temps absent de l'Assemblée. Demoor : C'est moi qui ai provoqué la discussion du projet actuel. Je l'ai regardé, et je le regarde encore comme juste, humain, et indispensable dans les circonstances actuelles; et bien loin d'être contraire aux intérêts bien entendus des scélérate


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