Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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— 84 — I es causes de ces différences, qui dans leur ensemble forment, pour les importations de (a métropole seulement, un déficit total de 3,463,726 fr., tiennent en grande partie à la position critique dans laquelle se sont trouvés les colons par suite de la mauvaise recolle des sucres pendant l'année 1846. Les habitants, forces d'interrompre la fabrication du sucre par suite des pluies continuelles tombées pendant une grande partie de l'année, sont arrivés à la mauvaise saison sans pouvoir achever leur récolte et ont été forcés d'abandonner des cannes en maturité dont partie s'est perdue. En général la récolte s'est faite dans de mauvaises conditions : le chauffage a été fort difficile et le rendement très-faible. On doit également tenir compte de la proportion dans laquelle le travail des noirs a diminué depuis quelque temps, De ces causes réunies il est évalué que les habitants et par suite leurs commissionnaires se sont vus dans la nécessité de restreindre leurs demandes, en France, aux articles qui leur étaient Strictement nécessaires et en quantité proportionnée aux envois de denrées dirigées sur la métropole. Quelques habitants ont dû s'abstenir de remonter les équipages d'animaux nécessaires à l'exploitation de leurs terres dans la crainte d'obérer davantage leurs propriétés et d'autres n'ont pu remplacer les pertes de bestiaux faute de crédit. En définitive, le commerce de France, connaissant la position précaire de la colonie, a ralenti les expéditions, ce qui a naturellement motivé une forte réduction dans les importations de la métropole. Les articles d'importation qui ont donné les principaux déficits, sont : les mulets et les mules dont la quantité n'a pas atteint la moitié de celle qui figurait au tableau des importations de 1845 ; La morue de pêche française provenant des entrepôts de France, dont le déficit de 676,187 kilogr. se trouve largement comblé par une augmentation de 909,253 kilogr. dans les importations qui ont eu lieu de Terre-Neuve. L'usage général qui est fait de la morue pour la nourriture des habitants de toutes conditions, pour l'alimentation des esclaves auxquels on en distribue une plus grande quantité en raison de son bas prix et par suite de la suppression du sirop sur les habitations dont les sucres sont fabriqués dans les usines centrales ; enfin, son emploi, comme engrais surtout et les exportations qui en sont faites à Porto-Rico assurent à cet article un large débouché sur les marchés de la colonie où il règne


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