Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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d'utilité publique, tels que desséchements, irrigations, etc. Quant à la protection que le gouvernement propose de continuer aux colonies, un certain nombre de membres de cette assemblée ne la trouvent pas assez élevée ; ils voudraient porter le droit différentiel à 10 schellings pendant six ans. Ce projet se confond évidemment avec l'amendement présenté par sir John Pakington. Mon intention est de repousser l'un et l'autre, parce que ma conviction profonde et sincère est que les colonies des Indes Occidentales, n'y trouveraient pas leur avantage. En effet, il s'agirait d'accorder ce droit protecteur non aux colonies des Indes Occidentales seulement, mais à toutes les colonies anglaises. Les Indes Orientales et Maurice en profiteraient. Or, ces possessions anglaises ont une nombreuse population de travailleurs, tandis que les planteurs des Indes Occidentales n'auront pas encore, avant d e u x années, un nombre de bras suffisant pour cultiver leurs habitations, lors même que l'immigration prendrait les développements que les colonies demandent. Il y a dans la vallée du Gange 500,000 carrés de terres propres à la culture du sucre, et des travailleurs, autant qu'on en veut. Voilà donc une nouvelle espèce de concurrence écrasante pour les colonies des Indes Occidentales. II n'y aura point de différence, quant au résultat, entre la concurrence étrangère et la concurrence de Maurice et des Indes Orientales. D'ailleurs vous n'entendez assurer cette protection aux Indes Occidentales que pour six années seulement. Ensuite les sucres coloniaux auraient à lutter, sans aide contre les sucres étrangers. Or, qu'arrivera-t-il ? Croyez-vous que les planteurs de Cuba renonceront à expulser nos sucres du marché de la Grande-Bretagne ? Nullement. Ils attendront pendant six années, e t , ce temps expiré, ils reprendront la lutte avec les mêmes avantages. Qu'auront fait les colons des Indes Occidentales anglaises pendant cet intervalle ? M. Barkly vous l'a dit. La protection de 10 schellings aura déterminé les noirs à exiger une augmentation extravagante des salaires, qui aura absorbé tous les bénéfices de la protection que vous aurez voulu accorder aux colonies. Pour ma part, je n'ai aucune sympathie pour le noir qui extorque un salaire extravagant, et c'est pour cela que je vous prémunis contre un vote qui donnerait gain de cause à de telles prétentions.


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