Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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Telles sont les justes plaintes des colonies. Vous savez ce que le gouvernement se propose de faire pour y mettre un ternie. Je suis d'avis que son projet est insuffisant, et qu'il faudrait faire plus et mieux pour réparer les désastres de nos colonies. Quelles sont les mesures qu'il conviendrait d'adopter à cet effet ? Plusieurs de nos honorables collègues pensent qu'il faut accorder une protection plus grande aux Sucres coloniaux. Sir John Pakington voudrait que le parlement, revenant en arrière, assurât aux produits de nos colonies un droit protecteur de 10 schellings. Je ne puis pas adhérer à une telle proposition, par deux motifs : le premier est que, tout en reconnaissant les droits des Indes Occidentales et de Maurice, je ne puis pas accorder que toutes les considérations, qui militent en faveur des colonies des Indes Occidentales, soient applicables à Maurice et aux Indes Orientales ; le second est qu'un retour si décisif au système protecteur diminuerait les efforts des propriétaires, et serait suivi d'une augmentation des salaires correspondant à l'augmentation des droits protecteurs. Il n'y a d'ailleurs aucune raison suffisante de prodiguer ainsi l'argent du pays. Enfin, il ne serait pas sage d'adopter une marche rétrograde en ce qui concerne les tarifs et la protection. Je préférerais donc à ce système le maintien pur et simple, pendant plusieurs années, du tarif en vigueur aujourd'hui, car je pense que rien ne peut être préférable à un tarif uniforme établi pour un temps assez long. Je ne vois pas de motifs sérieux pour l'adoption de la nouvelle classification des sucres, proposée par le gouvernement ; je crains qu'elle ne jette la confusion et l'incertitude dans le commerce, et qu'elle ne frappe d'un d r o i t , comparativement plus élevé, les sucres de qualité inférieure. Quant à la réduction du droit sur le sucre colonial, de 14 à 13 schellings, elle me parait très-impolitique en 1'état actuel de nos finances. Enfin, l'interdiction d'employer désormais le sucre dans les brasseries me parait mauvaise, en ce qu'elle aura pour effet de tarir une des sources de consommation de cette denrée. Je regrette, en o u t r e , que le gouvernement ne propose aucune mesure pour l'extension de la durée des engagements de travail, pour la répression du vagabondage, pour la punition des travailleurs qui s'établissent sur des terres qui ne leur appartiennent pas. Le gouvernement a l'intention de faire un prêt aux colonies.


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