Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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— 43 — l'on compare ce qu'il en consommait il y a quelques années avec le chiffre de l'importation actuelle, on se convaincra qu'il est très-inexact de dire que la production des colonies suffit aux besoins du pays. En 1844, la consommation du sucre en Angleterre était de 179,000 barriques; l'année dernière, elle a été de 289,000 barriques ; c'est une augmentation de 110,000 barriques en trois ans. Celle augmentation a été le résultat de la diminution du prix du sucre, par suite de L'admission du sucre étranger. Il est évident que l'Angleterre, qui consomme actuellement 110,000 barriques de plus qu'à l'époque où les colonies avaient le monopole du marché, n'était pas suffisamment approvisionnée, selon ses besoins, pair nos établissements coloniaux. La loi de 1844 a été votée pour suppléer à ce qui nous manquait sous ce rapport. Quant à la loi de 1846, elle a été la conséquence du mouvement de l'opinion en faveur de la liberté du commerce. Je soupçonne un des honorables préopinants d'avoir exagéré les résultats de ces deux lois, eu égard à l'esclavage et a la traite des noirs. La loi de 1846 n'a eu qu'une influence à peu près nulle sur l'importation des esclaves, jusqu'à présent du moins. La traite, en 1847, n'a pas été beaucoup plus active qu'en 1846; et si elle a augmenté sensiblement depuis quelques années, c'est plutôt à la loi de 1844, qu'à celle de 1840, qu'il faut l'attribuer. J'admets du reste volontiers que le seul moyen de supprimer la traite est de produire, par le travail libre, le sucre à meilleur marché que par le travail forcé. Pour y parvenir, il faut sans doute rendre aux colonies leur ancienne prospérité ; il faut les mettre en mesure de lutter avec succès contre les producteurs de Cuba et du Brésil ; mais, au risque de me trouver en dissentiment avec un certain nombre de membres de la chambre, je répéterai, avec lord John Russell, que le principal moyen de soutenir la concurrence des pays à esclaves est dans les mains des propriétaires des habitations aux colonies; il consiste à diminuer leurs dépenses, et, eu particulier, les frais de gérance de leurs propriétés. Quant au système protecteur, il a eu pour effet principal d'augmenter le taux des salaires, sans aucun bénéfice pour le producteur ni pour le consommateur. Le projet du gouvernement, au contraire, est le mieux calcule pour rétablir la prospérité des colonies et pour supprimer la traite des noirs.


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