Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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— 40 — sible, en effet, de se dissimuler que toutes les prédictions dos adversaires de la loi de 1846, touchant l'augmentation de la traite des noirs et le développement de l'esclavage, se sont vérifiées. Sir Robert Peel a déclaré que la loi qui se discutait alors donnerait de grands encouragements à l'esclavage ; le lord chef de justice d'Angleterre a protesté contre cette loi au même point de vue, l'abolition de l'esclavage ; l'une des plus grandes entreprises de l'Angleterre sera-t-elle abandonnée pour des raisons de finance et d'économie politique ? J'espère que la Chambre des communes n'y consentira pas. Il est temps qu'elle intervienne; il y a encore dans le Parlement des Wilberforce et des R u x t o n , qui ne souffriront pas qu'on abandonne l'œuvre de leurs prédécesseurs. Il est aisé de fournir la preuve que les mesures financières du gouvernement ont encouragé la traite et l'esclavage ; le premier témoignage que je produirai dans ce but est celui du secrétaire d'État au département des affaires étrangères ; il a été interrogé par le comité d'enquête, et il a fait connaître qu'en 1846, cinquantecinq mille esclaves ont été introduits dans l'empire du Brésil ; en 1847, la traite pour le Brésil a fait le même nombre de victimes. Or, il a été constaté que la moyenne de l'importation des esclaves au Brésil, de 1840 à 1845, n'a été que de trente-deux mille annuellement. Autre exemple : j'ai entre les mains le relevé des instruments et des machines qui ont été achetés par Cuba et par le Brésil depuis 1844 pour la culture et la fabrication du sucre. La valeur des objets de cette espèce importés en 1844 a été pour Cuba de 164,300 francs, et pour le Brésil de 437,625 francs. En 184 7, la valeur des importations d'outils et de machines de même sorte a été pour Cuba de 441,600 francs; pour le Brésil de 878,825 francs. Pour constater l'augmentation de la traite des noirs, j'emprunterai encore le témoignage du capitaine Matson de la marine royale, qui compte plus d'années de service sur la côte d'Afrique, et qui a capturé plus de négriers qu'aucun autre officier de Sa Majesté. Le comité lui ayant demandé s'il croyait que l'admission du sucre étranger eût servi de stimulant à la traite des n o i r s , le capitaine Matson a répondu qu'il était à la Havane à l'époque où la nouvelle du vote de la loi de 1840 y est parvenue, et qu'elle y a répandu une joie extraordinaire. Le prix des esclaves a augmenté aussitôt, ainsi que le prix des terres. — « Que croyezvous qu'il faudrait faire pour supprimer la traite à Cuba ? dem a n d a - t o n encore au capitaine Matson ? — Il y a deux ans.


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