Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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— 38 — et en mettant un terme à rétablissement des noirs sur des terres qui ne leur appartiennent pas. Rien de cela n'a été fait. Aussi les planteurs n'ont pas cesse d'éprouver des pertes ruineuses ; ils sont actuellement dans l'impuissance de lutter avec les pays à esclaves, et un abandon général des cultures doit être le résultat nécessaire de la marche qui a été suivie. Tout récemment, dix-huit maisons de commerceront les intérêts étaient engagés dans les Indes Occidentales, ont été déclarées en faillite, et je crains, si la situation actuelle se prolonge, que beaucoup d'autres maisons commerciales ne soient réduites à la même extrémité. Lorsque l'état des choses est tel dans les colonies des Indes Occidentales, on peut se figurer facilement quelle est la situation de Maurice. Sir G. Larpent, dont les opinions en faveur du libre-échange sont connues, en a fait le tableau devant le comité d'enquête ; il a dit : « De 1838 à l'époque actuelle, les vacillations du Parlement, les fréquents changements de législation et l'abandon successif des principes sous l'empire desquels les colons avaient réglé l'emploi de leurs capitaux, ont été tels que les planteurs ont subi des pertes énormes. Je désire être bien compris ; je ne prétends pas attribuer ces pertes à l'acte de 1846, mais je dis que la loi de 1846 a plongé les colons dans de nouveaux embarras au moment où ils commençaient à surmonter les p r e mières difficultés de leur situation. » Le prix de revient du sucre à Maurice est de 20 schellings par quintal ; comment les planteurs, en de telles conditions, pourraient-ils supporter la concurrence des pays où l'esclavage est en vigueur ? Sept des principales maisons intéressées dans le commerce de Maurice ont été ruinées. La chambre des communes a vu quelques-unes de ces maisons, à la tête desquelles étaient placées d'honorables membres de cette assemblée, succomber avec un passif énorme qui, dans un cas particulier, s'est élevé à 81,249,000 francs. Les Indes orientales n'ont pas moins souffert des mesures volées en 1846. Durant les dix années qui ont précédé cette é p o q u e , l'exportation du sucre avait considérablement augmenté dans cette partie des possessions britanniques. Ainsi, en 1836, les Indes Orientales n'exportaient pas plus de 152,166 livres de sucre, mais en 1846, le chiffre de la production s'y était élevé à 1,425,114 livres. Aujourd'hui que l'admission du sucre étranger a fait baisser considérablement le prix de cette


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