Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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— 34 — d'encourager le travail libre et de décourager le travail forcé. C'est ce dont ne peuvent douter aucun de ceux qui m'ont entendu. La proposition que, dans ma pensée, l'honorable préopinant voulait soutenir, était celle de maintenir, pour six ans encore, un droit différentiel de dix schellings en faveur du sucre colonial. Je suppose que je ne me sois pas trompé sur ses intentions, voici quelle aurait dû être ma réponse : Il y a deux partis dont les intérêts doivent m'étre également présents à l'esprit lorsqu'il s'agit de proposer un projet de loi sur les sucres. L'un des deux est la grande masse de la population, comprenant les 9/10 des habitants de ces possessions, c'est-à-dire tous ceux qui étaient jadis en esclavage ; l'autre se compose des individus qui forment les 99/100 de la population de la Grande-Bretagne, et qui sont profondément intéressés au bon marché du sucre, qui leur coûte annuellement des sommes considérables, et dont la consommation, dans ce pays, s'élève à 300,000 barriques ou 6,000,000 de quintaux par année. Quoique ces intérêts contraires soient difficiles à concilier, je crois pouvoir me rendre la justice de dire que les mesures qui ont été prises dans ce but n'ont pas été inefficaces. Il résulte des informations recueillies sur ce sujet, que les noirs des colonies des Indes occidentales ont eu un sort plus heureux depuis l'abolition de l'esclavage. Leur nourriture est meilleure ; ils sont mieux vêtus et mieux fournis des choses nécessaires à la vie, que la plupart des paysans dans les autres parties du monde, En 1842, un comité de la chambre des communes a déclaré que l'émancipation avait pleinement réussi en tant qu'il s'agissait de l'amélioration du sort des anciens esclaves. Les témoignages reçus par ce comité d'enquête constatent que les noirs avaient les moyens de se procurer les objets de luxe qu'ils aiment à l'excès. Le costume de quelques-uns d'entre eux avait coûté jusqu'à 50 livres sterling. En admettant même que l'émancipation ait eu pour effet de diminuer la production du sucre, et qu'un grand nombre des noirs ait renoncé aux travaux des habitations, il n'en résulte pas moins qu'il y a dans les Indes occidentales assez de ressources pour les faire vivre dans l'abondance, et le résultat le moins incertain de l'émancipation est que de misérables créatures, soumises à un travail forcé, sous le fouet de leurs maîtres, ont été transformées en une population indépendante, heureuse, et jouissant d'un véritable bien-être. Sous ce rapport, il n'y a rien dans le


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