Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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— 26 — procurer. La législation s'oppose à ce que les propriétaires des Indes Occidentales engagent des ouvriers dans les pays où ils en trouveraient un grand nombre. Cette défense est contraire aux principes du libre-échange, et le vrai moyen de venir en aide aux colonies, dont elle cause la ruine, serait de la lever. Sans d o u t e , la détresse des districts manufacturiers est bien grande ; c'est un fait certain qu'on ne saurait trop déplorer ; mais elle résulte de causes tout autres que celles qui occasionnent les souffrances des colonies, et les moyens d'y remédier sont tout différents. Ce que le gouvernement aurait dû faire, c'eût été d'augmenter le nombre des travailleurs dans les colonies, et de donner aux propriétaires les moyens de soutenir la concurrence des pays où l'esclavage est en vigueur. Cela aurait bien mieux valu que de proposer, comme il le fait, un nouveau gaspillage du revenu public, qui ne profitera même pas à ceux pour qui il est demandé ; car les colonies courent a une ruine inévitable si on ne fait pas ce qu'il faut pour y rétablir la confiance ; et si on ne leur donne pas les moyens de produire le sucre à meilleur marché que les possessions étrangères qui leur font concurrence. Je répète qu'à moins qu'on ne prenne immédiatement des mesures pour faire affluer les ouvriers dans les colonies, ces établissements ne peuvent échapper à la ruine; et alors il sera démontré, devant le monde entier, qu'après tant de sacrifices et d'efforts qu'elle a coûtés, l'émancipation, en définitive, a échoué. J'espère donc qu'on ne persistera pas dans la mauvaise voie où l'on s'est engagé. La chambre se convaincra, sans doute, de la nécessité d'adopter les seules mesures qui puissent faire le succès de l'émancipation. M P. Miles. — C'est ma ferme conviction que la mesure projetée par le gouvernement ne sauvera pas les colonies des Indes Occidentales. J'avais prévu qu'il viendrait proposer une demi-mesure. C'est précisément ce qu'il a fait. La situation est celle-ci : avec un droit protecteur de 6 schellings, les colonies occidentales marchaient rapidement à la ruine ; lord John Russell propose aujourd'hui de les sauver en leur accordant un droit protecteur de 5 schellings 6 deniers. Du reste, pour que la chambre soit parfaitement édifiée sur l'état des colonies, je prendrai la liberté de lui lire quelques passages d'une dépêche adressée à lord Grey par le gouverneur de la Trinité, lord Harris. Elle est en date du 5 avril 1848.


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