Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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24 1846, sir Robert Peel a prédit les conséquences inévitables de la loi qu'on discutait alors ; il disait qu'en donnant une impulsion au commerce des pays à esclaves, on encouragerait la traite des noirs. Il est vrai qu'il a voté en faveur de la loi; mais s'il l'a fait, c'est parce que l'existence du ministère y était attachée comme aujourd'hui. C'est un motif qui, en aucun cas, ne doit, suivant moi, engager la chambre à adhérer à une mesure qu'elle désapprouverait. M. Cobden. — Je suis le représentant d'un comté qui est adonné au commerce des laines, c'est une industrie qu'on peut appeler indigène, et qui ne r e n c o n t r e , sans doute, que des sympathies dans cette chambre. N'oubliez pas, en effet, que le président de la chambre des lords siège sur un sac de laine (rires). Le comté que je représente a pris une grande part au mouvement dirigé contre l'esclavage. C'est le Yorkshire, qui, en renvoyant à la chambre le chef de ce mouvement, Wilberforce, et en devenant le foyer de l'agitation pour l'affranchissement des esclaves, s'est placé à la tête des provinces qui ont le plus fait pour l'émancipation. O r , je puis affirmer que tous les hommes qui étaient, à cette é p o q u e , partisans de l'abolition de l'esclavage, et qui ont le plus puissamment contribué à celte mesure par leur influence sur l'opinion publique, sont a u jourd'hui les adversaires décidés de ceux qui demandent l'établissement d'un droit différentiel sur le sucre é t r a n g e r , dans le but de ruiner l'esclavage. Je connais bien l'état de l'opinion dans le Yorkshire, et je défie qu'on me contredise quand je déclare que ces gentlemen sont en opposition directe avec lessentiments qui prévalent dans ce comté. Ils ne peuvent pas ignorer que l'industrie, dans le Yorkshire et le Lancashire, est dans un état de souffrance qui n'est pas moins grave que dans les Indes Occidentales. Ainsi, par exemple, une députation d e Bradfort s'est adressée, il y a peu de jours, à sir G. Grey pour prier le gouvernement de donner quelques secours à cette ville. Cette députation a exposé à l'honorable secrétaire d'Etat de l'intérieur que déjà il y avait plus de 1,000 ouvriers sans ouvrage à Bradfort, et que, dans le cours des 18 derniers mois, les manufacturiers de cette localité, s'ils n'avaient consulté que leurs intérêts, auraient fermé leurs établissements, et renvoyé tous leurs ouvriers ; la députation a fait connaître, enfin, que les habitants de la ville supportaient une énorme taxe des pauvres qui était pourtant insuffisante pour nourrir


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