Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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prospérité et le bonheur de ceux qui étaient dans l'état de servitude. Personne ne nie, je pense, qu'il n'ait été rempli. Je crois qu'il n'y a pas une classe de travailleurs plus heureuse et qui jouisse de plus de bien-être que la population affranchie des Indes Occidentales. Cette condition satisfaisante est la conséquence de l'acte de 1834. Il en est de même de l'acte de 1846. Le but de cette loi était d'obtenir le sucre à meilleur marché, tout en diminuant les impôts établis sur cet article, impôts qui pesaient principalement sur la classe laborieuse. Cette pensée a été complétement réalisée. On est parvenu à offrir au consommateur une plus grande quantité de sucre à moins de frais, et en même temps on a réussi à augmenter le revenu que le trésor tire de l'importation de cet article. Il résulte de relevés que j'ai entre les mains, que la consommation du sucre, en 1845, a été de 244,000 barriques ; en 1846, de 261,300 barriques ; en 1847, de 290,700 barriques. Je crois me rappeler qu'en 1846, évaluant le montant de l'approvisionnement et de la consommation probables, j'en ai fixé le chiffre a 290,000 barriques. Mes prévisions ont été dépassées. Quant au revenu, voici quelle en est la situation : Les droits sur les sucres ont rapporté, en 1845, 3,745,000 livres sterling; en 1846, 4,050,000 livres sterling; en 1847, 4,596,000 livres sterling. Remarquons, d'ailleurs, que cette augmentation a été obtenue, non par un accroissement, mais par une diminution des charges imposées aux consommateurs. L'objet véritable et direct des lois de 1845 et 1846 a donc été complétement rempli. Le consommateur a pu acheter le sucre moins cher, et, par conséquent, il a pu se procurer la satisfaction de faire usage d'une plus grande quantité de ce produit, et, en même temps, les revenus de l'Etat ont reçu un accroissement notable. Mais, pas plus que l'acte de 1834, les lois de 1845 et 1846 n'ont été exemples d'inconvénients. Ces inconvénients ont été ressentis dans les Indes Occidentales, et n'ont pas peu contribué au découragement des propriétaires de plantations. On dit que la prévision d'une prochaine abolition de tous les droits protecteurs a empêché, en mainte occasion, les propriétaires de l'aire aucunes dépenses nouvelles sur leurs habitations, et qu'un grand nombre de cultures ayant été abandonnées pendant quelques mois, il faudrait maintenant plusieurs années pour pouvoir les mettre de nouveau en rapport. On dit encore, et non sans raison, que le producteur étranger a l'avan-


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