Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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rencontré une grande opposition qui, dans mon opinion, n'était pus bien fondée. Je veux parler de celles qui ont eu pour effet de restreindre à une année la durée des contrats à passer avec ceux qui s'engagent, comme cultivateurs, dans les Indes Occidentales. L'expérience a prouvé que les contrats d'une plus longue durée n'étaient pas exécutés, lorsque les conditions en étaient désavantageuses pour le cultivateur. Celui-ci, voyant autour de lui ses confrères gagner pour le même travail un salaire plus élevé, refuse d'exécuter le contrat. 11 faudrait donc l'y forcer ; mais la loi qui a mis fin à l'esclavage s'oppose à ce que personne soit soumis à un travail obligatoire. Le maître n'obtient donc pas les avantages qu'il espérait tirer de la prolongation du contrat. Le second changement principal qui a été introduit par la législation dans la situation des colonies, est celui qui a eu lieu en 1815 et 1845, et qui a eu pour but : en 1845, le dégrèvement des droits sur les sucres coloniaux et l'admission du sucre produit par le travail libre ; en 1846, l'admission de tous les sucres étrangers à un droit réduit immédiatement de 63 à 21 schellings, avec une réduction progressive qui doit aboutir, en 1851, à l'égalisation complète des droits sur les sucres de toute provenance. De même que l'émancipation de la population esclave était fondée sur des principes incontestables de religion, d'humanité et de justice ; de même, je pense que la mesure prise en 1846 a été appuyée sur des vues de saine politique et de justice envers la population ouvrière de ce pays. Au moment où il n'était plus possible d'obtenir, de nos propres possessions, qu'une quantité de sucre tout à fait insuffisante ; alors que les habitations coloniales étaient administrées de telle sorte, qu'on n'y obtenait que très-peu de travail pour un salaire considérable, et que les cultivateurs n'y travaillaient que quatre jours par semaine et pas plus de cinq heures par j o u r , il me semble que ce n'aurait pas été agir avec équité envers la population anglaise que de lui refuser les moyens de se procurer un article de consommation aussi générale que le sucre, à un prix moins élevé que ne pouvaient le fournir les colons exposés à tous les désavantages que je viens d'énumérer. Quant aux deux mesures législatives adoptés en 1834 et 1846, on peut affirmer que le but principal qui en avait déterminé l'adoption a été atteint. L'objet de l'acte de 1834 était, ainsi que je l'ai dit, de donner la liberté à 800,000 personnes, d'assurer l'indépendance, la


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