Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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— 11 — pays, a prouvé que, quelque profonde que fût leur horreur de l'esclavage, ce parlement et ce peuple étaient disposés à faire un sacrifice pour prévenir la détresse et la ruine qui n'eussent pas pu être évitées, si l'abolition de l'esclavage n'avait pas été prononcée. Mais on ne pouvait pas espérer qu'un acte consistant à donner la liberté, dans un très-court espace de temps, à 800,000 individus, qui avaient vécu auparavant dans l'état d'esclavage, n'entraînerait pas des inconvénients considérables. On devait se tenir pour satisfait que ces inconvénients ne fussent pas tels que l'état de société, alors existant, se trouvât entièrement bouleversé. En disant que cet important changement n'a occasionné que très-peu de trouble, je crois faire, à la fois, l'éloge de ceux qui étaient auparavant propriétaires d'esclaves, et de ceux qui venaient d'être délivrés des liens de la servitude. Dans l'exécution de ce grand acte, on a été conduit à adopter des mesures qui, bien que sanctionnées alors par l'opinion publique et consacrées par le parlement, ont suscité de nouvelles difficultés aux propriétaires. Je veux parler surtout de la défense d ' i n t r o d u i r e , dans les colonies, des immigrants de la côte d'Afrique. On croyait qu'il serait impossible de transporter de la côte d'Afrique des ouvriers laboureurs sans faire revivre l'esclavage, e t , jusqu'à un certain point, la traite des noirs. Le sentiment public, à cet égard, était si prononcé, que je trouvai toutes sortes de difficultés, alors que je fus placé à la tête du Colonial office, à organiser un essai d'immigration, dans les colonies, d'Africains de Sierra Leone. Une autre mesure, conçue dans le même esprit, et dont l'objet était l'introduction, à Maurice, d'émigrants des Indes Orientales, a soulevé une vive opposition et a été, en définitive, repoussée par un vote de la chambre des communes. Subséquemment, des mesures ont été prises pour assurer aux colonies des Indes Occidentales le secours de l'émigration ; mais l'exécution de ces mesures a pris beaucoup de temps. Cependant, l'introduction des Européens dans les Indes Occidentales parait n'avoir été d'aucune utilité ; l'introduction des Coulis n'a pas eu non plus un grand succès ; les diverses mesures adoptées pour l'immigration de cultivateurs de la côte d'Afrique ont nécessite une volumineuse correspondance et des règlements multipliés pour prévenir les abus. Bien que des mesures d'émigration aient été prises en 1843 et en 1845, les colonies n'ont point obtenu les avantages qu'elles en pouvaient attendre. D'autres mesures, qui ont été adoptées en même temps, ont


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