Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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disent les commissaires de l'émigration, de faire un court exposé des différents systèmes qui ont été essayés antérieurement, et des circonstances qui en ont déterminé l'abandon. La permission de prendre dans les possessions anglaises de l'Afrique les émigrants qui seraient disposés à les quitter a été accordée pour la première fois en 1840. Dans le cours de cette année, et durant les deux années suivantes, l'émigration a été une affaire d'industrie privée. Nous n'avons pas les moyens d'établir d'une manière exacte le nombre des émigrants qui, sous l'empire de ce principe, ont été conduits dans les Indes occidentales ; mais il parait que le nombre de ceux qui, dans le cours des années 1840, 1841, 1842, ont été transportés de Sierra-Leone et de Sainte-Hélène aux colonies, a été de 4,043. Vers la fin de 1842, on ne trouva plus d'émigrants dans ces deux établissements, et il sembla que l'émigration africaine était arrivée à son terme. Mais alors le gouvernement britannique consentit à diriger lui-même le transport des émigrants, dans la vue de leur inspirer de la confiance. Ce système réussit jusqu'à un certain point; l'émigration parut renaître, et de deux à trois mille individus furent conduits aux colonies. Mais ce succès n'a pas été assez grand pour justifier la continuation d'un tel système, et il a été abandonné d'après le vœu même des autorités coloniales. A partir de cette époque, on accorda des autorisations spéciales aux armateurs qui voulurent courir les chances d'expéditions à la côte d'Afrique pour y engager des émigrants ; 1,390 Africains furent ainsi amenés dans les colonies. Il devint enfin évident que la population sédentaire d'Afrique n'offrait aucune ressource pour l'émigration ; et, d'un autre côté, le nombre des Africains nouvellement libérés devint si faible que les armateurs ne trouvèrent plus aucun profit à envoyer leurs navires à Sierra-Leone pour y prendre des émigrants. L'espoir d'engager des travailleurs à Sierra-Leone étant ainsi abandonné, il parut désirable de faire une tentative pour se procurer des émigrants à la côte de Krou. Dans ce but, le ministre des colonies prit, au commencement de l'année 1847, des mesures pour qu'un bâtiment à vapeur de l'Etat, le Growler, fit régulièrement la traversée de Sierra-Leone à la côte de Krou, et de la côte de Krou alternativement aux colonies de la Guyane anglaise et de la Trinité. Ce bâtiment a fait deux voyages, mais il a embarqué chaque fois à Sierra-Leone des Africains libérés avant de se rendre à la côte de Krou. Nous regrettons d'avoir à dire que les émigrants ont eu à subir les effets d'une grande mortalité, qui a sévi à bord principalement pendant le second voyage. L'équipage a été victime de nombreuses maladies, et le gouvernement a résolu, en conséquence, de cesser d'employer le Growler à ce service. En même temps, les captures d'Africains à bord de négriers sont devenues beaucoup plus nombreuses. Près de 4,000 esclaves libérés ont été débarqués à Sierra-Leone dans le courant de l'année 1847. En conséquence, le ministre nous a engagés à envoyer successivement d'Angleterre un certain nombre de navires marchands convenablement aménagés, d'abord à Sierra-Léone, pour y prendre des captifs libérés qui consentiraient à se rendre aux colonies, et de là à la côte de Krou. Mais comme il n'était pas probable, après l'insuccès des précédentes opérations de cette nature, que les armateurs voulussent courir les chances de nouvelles expéditions du même genre, sans aucune garantie contre les pertes résultant de la possibilité de ne pas trouver d'émigrants, le ministre nous a autorisés à leur assurer le payement d'une certaine somme au minimum, quel que soit le nombre de passagers embarqués. En outre, comme il n'est pas possible d'établir à poste fixe, sur la côte de Krou, aucun agent, avec une commission régulière, qui ait pour mission de vérifier la régularité des papiers des navires,


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