Revue coloniale : Deuxième série : Année 1848

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vaut la colonie de son approvisionnement le plus facile et le plus favorable en animaux propres à la boucherie, cet événement l'a forcée à le demander ailleurs à des conditions très-onéreuses. Elles ont tellement élevé les frais d'extraction, malgré la prime accordée par le gouvernement local, que le prix de la viande fraîche de bœuf, qui n'avait pas jusqu'alors dépassé 1 fr. 50 c le kilogramme, n'a jamais été moindre, en 1846, de 2 fr. 50 c. le kilogramme. Les consommateurs se reportant alors sur d'autres aliments, le renchérissement de toutes les denrées de consommation n'a pas tardé à devenir aussi énorme que général. A l'appui de ceci nous parlerons d'un produit bien inférieur à la viande de boucherie et qui forme a Bourbon une partie principale de la nourriture du pauvre et de la population noire, nous citerons la morue qui, sans que l'importation en ait été moindre, s'est presque toujours maintenue, dans le détail, aux prix exorbitants de 1 fr. 20 cent, et même 1 fr. 50 cent, le kilogramme. S'il était nécessaire de multiplier les exemples ; ils se présenteraient en foule pour tous les articles de consommation alimentaire, en même temps que nous pourrions montrer une masse d'autres produits ne trouvant pas d'acheteurs aux prix les plus modérés. C'est que quand il a fallu, pour subvenir aux premiers besoins de la vie, supporter une considérable augmentation de dépenses, n'eût-elle pas, par une funeste fatalité, coïncidé avec la réduction des profits, le manque d'acheteurs pour tous les objets quelconques, nous ne dirons pas de luxe, mais d'utilité secondaire, en a de suite été une conséquence forcée.


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