Histoire de la déportation à Cayenne ; suivie de tous les prêtres déportés à Cayenne

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— 108 — Puis sous prétexte de veiller à tous les moyens de défense en cas d'attaque, il ordonne que les déportés du dépôt de Sinamari se rendront à Cayenne sons sa main ; il consigne ceux des cantons dans leurs habitations, les habitants dans leurs propriétés; il commande des travaux de fortification pour la ville, met en réquisition une partie des nègres, des habitants pour y travailler, une autre partie pour augmenter la force de la garnison et déclare la ville en état de siége. D'un côté, le concours de tant de nègres, dont les bras eussent été aussi utiles aux habitations qu'ils étaient dangereux à Cayenne, la futilité des prétendues craintes de Burnel du côté de la mer, où l'on ne découvrait aucun vaisseau ennemi, firent enfin ouvrir les yeux aux habitants. Leur première alarme changea d'objet, Ils réfléchirent sur la conduite de Burnel, qui avait armé les noirs, désarmé les blancs de Cayenne et consigné ceux des habitations. Ils apprirent que ce même Burnel, pour soulever les noirs contre les blancs, leur faisait entendre que ceux-là avaient dessein de se rendre aux Anglais, pour les remettre eux-mêmes sous l'esclavage, et ils ne purent plus douter que ce chef perfide avait quelque intention plus hostile contre eux que les ennemis de l'Etat. On le surveilla. Il s'en aperçut; il trembla. Mais déjà les nègres soulevés s'étaient emparés des canons. Le scélérat n'eut ni la force de les arrêter ni le courage de les seconder. Il se retira. Alors cinquante grenadiers

européens

sommèrent cette troupe de plus de cinq cents noirs d'abandonner les canons et de se retirer. Cette lâche canaille trembla à son tour et disparut. Tous les colons convaincus alors du projet atroce de Burnel, qui venait de compromettre leur vie pour arracher le reste de leur fortune, ne consultèrent plus que le désespoir où il les avait plongés. Ils se réunirent, dressèrent un mémoire appuyé de toutes pièces justificatives contre lui, équipèrent un vaisseau pour la France, se présentèrent au lieu de son domicile, lui d o n nèrent deux heures pour son départ et le forcèrent à barquer. Le lâche tyran pâlit, se disposa et partit.

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