Agriculture de la Guyane Française de 1855 à 1860

Page 74

— 8 — pour éviter la perte de bois utiles brûlés, que l'on s'habituât à la Guyane, au moins pour les abatis faits sur les bords de rivières ou de grandes criques, à exploiter préalablement les arbres utiles. L'usage des machines à vapeur pour hâler les pièces et pour scier dans la forêt rendrait pratiquable cette exploitation.

Du desséchement des terres basses. Le rapide épuisement des terres hautes après leur défrichement est un si grave obstacle à la création d'établissements agricoles durables et prospères que des hommes éminents ont pensé que jamais leur culture ne pourrait conduire à l'abondance et à la richesse, et que les terres basses seules pouvaient réellement rémunérer le travail et les avances des colons. Le desséchement des terres basses de la côte est donc dans l'agriculture guyanaise un point principal qu'il convient de traiter, sinon avec tous les détails techniques, au moins avec un développement suffisant. Il s'opère au prix, sans doute, de beaucoup de travail, mais sans obstacle sérieux, et par des procédés parfaitement connus dans le pays et consacrés par une expérience générale. Nous rappelons au lecteur que ces terres basses sont inférieures au niveau de la haute mer (au moins dans les grandes marées), mais plus élevées que son niveau moyen. On utilise, pour l'écoulement des eaux, la baisse que subissent deux fois dans les vingt-quatre heures la mer, l'embouchure des fleuves et la partie inférieure de leur cours. On entoure donc la pièce qu'on veut dessécher de digues, dont la saillie empêche les eaux extérieures d'y entrer ; on la creuse de fossés, qui conduisent les eaux intérieures à un coffre à soupape, qui fait fonctions d'écluse automobile, et les verse dans le fleuve. Deux fois donc dans les vingt-quatre heures, l'eau, recueillie dans les petits fossés qui sillonnent la pièce, et portée par eux dans les fossés principaux, coule pendant six heures consécutives au dehors, et, quand avec le flux le niveau des eaux du fleuve monte, la soupape se ferme d'elle-même et leur défend d'entrer. Une pièce de terre ainsi travaillée présente donc une enceinte de digues, qui se distinguent ainsi : Digue de façade contiguë à la rive du fleuve à laquelle elle est ordinairement parallèle ; Digue du fond, plus ou moins précisément parallèle à la première.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.