Agriculture de la Guyane Française de 1855 à 1860

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2 longue expérience a élabli qu'un hectare de forêt demande 30 journées d'hommes pour être jeté à terre; savoir: 12 ou 15 journées pour le sabrage du petit bois, 15 à 20 journées pour l'abatage des gros arbres. Ce travail de hache, auquel les nègres sont très-propres et très-adroits, est un travail de grande force et qui ne convient qu'à des hommes robustes ; il entraîne une grande dépense d'action musculaire et demande de l'habitude et des précautions, pour qu'il n'arrive pas d'accidents dans la chute des arbres. En général, les nègres demandent un salaire plus élevé pour ce travail fatigant, mais ils le font avec entrain et animation. Les arbres un peu gros sont généralement attaqués les derniers et toujours par deux hommes à la fois. Lorsqu'un gros arbre, comme il arrive souvent dans les forêts de la Guyane, s'évase à son pied et porte ces côtes saillantes qui portent le nom d'arcabas, on l'entame un peu au-dessus, et pour cela, s'il le faut, on élève autour de lui un petit échafaudage provisoire. En abattant le bois, les ouvriers se mettent ordinairement en ligne, groupés deux par deux, et chaque couple assez éloigné du couple voisin pour éviter de trop fréquents accidents. Ils se préviennent par des cris, quand un gros arbre est sur le point de tomber. En général, ils prévoient assez bien dans quel sens s'opérera sa chute, selon sa forme, la direction et la force du vent et le côté où la hache a pratiqué la plus forte entaille. Quelquefois on économise un peu de travail en profitant de cette chute pour achever d'abattre les arbres moindres, sur lesquels cette masse tombe et auxquels on se contente d'avoir fait préalablement une entaille à la hache. Il est cependant plus habituel de commencer par abattre les arbres médiocres et moyens, et de ne couper qu'en dernier les plus gros. Le poids énorme de ces derniers comprime et affaisse à terre le pêlemêle de troncs et de branches qui y gît, et facilite par là leur bonne destruction par le feu. Quand on abat du bois sur une pente trèsinclinée, il faut prévoir que les arbres tombés à terre peuvent glisser rapidement et causer des accidents. Lorsque le bois est jeté à terre, on le laisse sécher pendant six semaines environ, quelquefois moins, puis on le brûle. Les nègres savent choisir le jour, l'heure, le degré de vent qui sont le plus favorables pour cette opération. On allume par un beau jour et lorsque le soleil a bien séché la rosée, en commençant généralement par la partie de l'abatis située sous le vent; on dit que par là le feu marche plus lentement, mais brûle le bois d'une manière plus complète, les feuilles


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