Agriculture de la Guyane Française de 1855 à 1860

Page 347

— 65

-

et durable production de lait. Je conseillerai encore de ne pas se contenter d'une seule vache, mais d'en avoir au moins deux. Elève en savane. — L'élève des bêles à cornes en savane est fort différent de l'entretien de quelques vaches à l'étable. Celui qui l'entreprend se propose en effet de multiplier un troupeau a peu de frais, en l'établissant sur de grandes prairies naturelles où il paît en liberté. Pour comprendre cette opération , si étrangère à nos habitudes agricoles d'Europe , je dois rappeler ce que j'ai dit sur les savanes de la Guyane. Elles forment sur le littoral une sorte de cordon, plus ou moins coupé de bouquets de bois et de cours d'eau , d'une profondeur moyenne d'une ou deux ou trois lieues dans les terres. Si c'étaient de bonnes prairies et que le climat comportât bien l'élève du bétail, elles pourraient porter de très-nombreux troupeaux, et leur surface, que l'on peut croire approcher de 200 à 400 mille hectares, pourrait nourrir plus de 100,000 tôles. Quelques personnes, éblouies par ces brillantes apparences, ont fondé de grandes espérances sur cette industrie et ont pensé que par elle on pourrait non-seulement fournir à la consommation locale, mais encore approvisionner de viande nos Antilles. Je crois que l'examen des lieux fait bien tomber ces brillantes illusions. Les neuf dixièmes des savanes sont des marécages ; les parties sèches portent une herbe peu nourrissante, quelquefois rare, quelquefois plus haute, mais dure. L'influence d'un climat hostile au tempérament des animaux est bien plus désastreuse sur des troupeaux exposés à toutes les intempéries atmosphériques que sur des bêles tenues en domesticité. Les insectes les tourmentent et les blessent ; les jaguars, les serpents en détruisent ; des bêles périssent de maladie ou d'accident, 5


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.