Agriculture de la Guyane Française de 1855 à 1860

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— 16 — il est fort difficile de la détruire, et, pour cette raison, ne faut pas la placer là où plus lard on se propose d'établir d'autres cultures. Elle ne paraît pas toutefois bien supporter la pâture, au moins la pâture fréquente. Peut-être la dent du bétail, en détruisant les jeunes pousses qui devraient s'enraciner à terre et reproduire la plante, gêne-t-elle la reproduction et le renouvellement naturel des pieds. Un autre avantage de l'herbe de Para est de supporter parfaitement le feu. Quand une plantation n'a pas été régulièrement coupée et qu'elle a formé un lacis épais de tiges en partie séchées, on y met le feu à l'époque de la sécheresse. Elle brûle alors parfaitement et de nombreuses et tendres repousses sortent bientôt du sol. Le feu renouvelle donc l'herbe et détruit les plantes sauvages qui avaient poussé sur le terrain. On peut, par ce moyen, assurer la prédominance de l'herbe de Para sur les herbes sauvages dans les savanes humides, où on en a planté, sans avoir fait subir au sol un défrichement régulier. On plante volontiers de l'herbe de Para sur les digues des cultures en terre basse. Dans les terres basses fertiles, elle est très-vivace et dure longtemps. Dans les terres hautes, elle rapporte beaucoup moins et sa vigueur décline assez vite. Cette herbe utile a été introduite à la Martinique et à la Guadeloupe, où elle est connue sous le même nom qu'à Cayenne. L'herbe à lamantin, oplismenus polystachyus, est encore une graminée de terrains vaseux. Elle est assez semblable à l'herbe de Para, mais elle est plus forte et a les chaumes beaucoup plus gros. Le bétail la recherche beaucoup. Elle croît çà et là sauvage sur la côte de la Guyane, dans les terres grasses et humides. Je l'ai vue


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