Compte rendu de mon mandat d'octobre 1893 à mai 1898

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— 62 — cela que je vous disais, eu commençant, que je craignais bien que cette situation ne se prolongeât bien longtemps encore, quel que fût le représentant que vous pourriez vouloir vous donner ici en France. En effet, à quoi peut se résumer, en réalité, et d'un mot, la plupart de nos revendications au gouvernement de la métropole ? A une perpétuelle demande, directe ou indirecte, de secours financier. C'est ce qui ressort le plus clairement, du moins de la plupart des voeux de votre Conseil général, sinon de vos voeux directs à vous-mêmes. Ce que votre Conseil général voudrait de la métropole, ce serait qu'elle seule, ou à peu près, fît tous les frais de colonisation de notre pays. Eh bien, cela, citoyens, il n'y faut plus aucunement compter. Ce que, de son côté, entend la métropole, c'est, sinon que nous soyons seuls désormais à faire nos affaires locales, du moins que ce soit nous qui y participions dans la mesure la plus large. De cette résolution personne ne réussira à la faire revenir dorénavant. Et elle ne consentira plus à nous venir en aide que si elle s'aperçoit que nous sommes disposés à nous aider nous-mêmes. C'est à nous donc, citoyens, de le comprendre enfin, d'en prendre résolument notre parti. — Et c'est pour cela que, me rendant bien compte d'une situation dont votre Conseil général ne semble aucunement se douter, vous m'avez vu l'objurguer, tout le long de ce compte rendu, et vous montrer qu'il ferait beaucoup mieux de songer à utiliser dorénavant vos finances locales, dont il a seul la disposition, dans votre intérêt, et pour un développement réel et sérieux de notre pays, que de s'obstiner à faire au gouvernement une guerre absolument folle qui ne peut avoir pour résultat que de nous aliéner de plus en plus les sympathies métropolitaines, si elle n'arrive même à pousser le gouvernement, quelqu'un de ces jours, à nous punir d'une façon ou d'une autre. Citoyens, voilà la vérité; et toutes autres questions secondaires nue l'on voudrait agiter pour masquer cette vérité-là, désormais, n'arriveront pas en détruire la réalité. Et alors, c'est ici, citoyens, qu'intervient utilement notre question du début : A quoi nous sert-il donc d'avoir un député en France? Eh bien, citoyens, ma réponse, la voici; et elle sera absolument nette : Si, à l'égal de votre Conseil général, vous ne comptez sur votre député que pour obtenir de la métropole la revendication financière


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