Compte rendu de mon mandat d'octobre 1893 à mai 1898

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— 56 — rait-il que ce ne soit pas le Conseil général qui soit responsable de sa persistante stagnation, plutôt que moi qui ne dispose, comme lui et comme lui seul, ni de la faculté, ni des moyens pratiques d'améliorer cette situation économique ? Quel étonnement, dès lors, que mon compte rendu soit plutôt une longue accusation de votre Conseil général qu'une défense de moi-même?... Voilà ma justification. Dira-t-on que, malgré tout, je n'en ai pas moins indignement travesti et faussé toutes les intentions? Soit! mais alors que l'on en produise les véritables, et surtout qu'on les explique et justifie par des bonnes et incontestables raisons. Mais, à peine ai-je besoin de vous dire, citoyens, que, à cet égard, je ne m'attends à rien qu'à l'habituel torrent d'injures vulgaires et sans portée qui n'a jamais manqué d'accueillir toutes mes déclarations, précieux hommage à leur sincérité, dont je serais vraiment désolé d'être privé cette fois-ci. Malgré tout, vous dira-t-on encore, qu'en dépit de mes protestations, mon mandat de député ne m'en impose pas moins un rôle dans toutes vos affaires, et, par conséquent, aussi une responsabilité? Eh bien, citoyens, c'est ici qu'il faut enfin, et une fois pour toutes, vous mettre au courant, sans crainte d'aucune contestation possible, du véritable rôle, des véritables obligations, des véritables responsabilités constitutionnelles, par conséquent, de chacune de vos représentations électives. Jusqu'ici, abusant de votre bonne foi, et aussi — permettez-moi de le dire — de votre ignorance, bien naturelle, hélas! du fonctionnement de nos institutions, on vous a laissé croire, à dessein, que votre députation jouissait d'un rôle absolument prépondérant; que tout dépendait d'elle et d'elle seule; qu'elle seule pouvait tout pour vous; et, que, par conséquent, si vous n'obteniez jamais rien, toute la responsabilité n'en pouvait jamais retomber que sur elle seule. Eh bien, citoyens, permettez-moi de vous le dire à la fin: rien n'est plus absolument faux. La vérité, c'est que, constitutionnellement, votre député, comme tous les autres députés d'ailleurs, n'a qu'un rôle et des prérogatives absolument restreints et absolument délimités. Ce rôle et ces prérogatives sont, uniquement, de participer à la confection et à la modification des lois générales de l'État; d'en proposer de


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