Compte rendu de mon mandat d'octobre 1893 à mai 1898

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— 52 — recommandation à certains d'entre vous à Cayenne, toutes les personnes qui voulaient aller faire fructifier un certain capital dans notre pays, soit par un établissement purement agricole, soit par l'exploitation industrielle d'une quelconque des richesses de nos forêts vierges, toutes industries devant nécessairement entraîner des amendements de toutes natures de notre beau pays : défrichements, desséchements, ouverture et amélioration des voies et moyens de communication, etc., etc.. Qui donc ici encore, volontairement ou involontairement, de propos délibéré ou par légèreté, a toujours fait obstacle à tout? N'est-ce pas votre Conseil général, qui a, seul encore, — on pourrait presque dire : malheureusement, dans la circonstance. — q u i a seul encore, dis-je, toute la libre disposition de votre domaine local ? N'est-ce pas lui qui, sous prétexte d'augmenter les ressources de votre budget, ne peut se décider à offrir enfin gratuitement, à qui voudrait les exploiter, les moindres concessions dans nos interminables forêts vierges, et s'obstine à en vouloir percevoir des redevances préalables ou à les vendre, alors que, depuis des années et des années, personne ne s'offre à payer ces redevances ou à acheter des terres à la Guyane, et que, par conséquent, rien n'entre, de ce chef, dans votre budget, tandis que, d'autre part, toute la colonie continue à rester en friche? N'est-ce pas lui qui maintient toujours et quand même, malgré cela, ce principe de la redevance préalable, injuste et déraisonnable, aussi bien pour l'industrie aurifère d'ailleurs que pour toute autre, sans compter mille autres obstacles, alors que la science économique, l'intérêt de notre pays, le plus vulgaire bon sens même ne cessent de crier que c'est le produit du travail seul qui doit être frappé d'impositions, et non le travail lui-même et ses instruments, avant aucune de ses manifestations? N'est-ce pas lui qui, par ce maintien obstiné de cette inconséquente redevance préalable, fait d'abord hésiter toute initiative, se refroidir tout enthousiasme, se décourager toute velléité, s'énerver toute conception, s'abandonner enfin tous projets? N'est-ce pas lui, enfin, qui, par d'inconcevables réglementations de toutes sortes, conduit d'ailleurs toujours de plus en plus, chaque jour, à ces abominables résultats, et arrive ainsi à desservir de plus en plus, chaque jour aussi, notre pays dans l'opinion publique, partout, et particulièrement ici en France?


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