Compte rendu de mon mandat d'octobre 1893 à mai 1898

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— 5O — en un mot, non pas vous exclure, en quelque sorte de votre propre territoire, mais, au contraire, vous aider à le mettre en œuvre, à le faire fructifier, et, en premier lieu, au point de vue agricole ; c'est-à-dire, en améliorant, d'abord, la situation actuelle pour tous, en préparant ensuite à notre pays un avenir certain. Or, le projet Alsace m'avait paru offrir toutes ces garanties pour vous. Ne l'ai-je pas, encore une fois, pendant de longs mois, encouragé, soutenu, secondé de mon mieux ? Qui donc a, d'abord compromis, ensuite fait échouer complètement à la fin ce projet? N'est-ce pas votre Conseil général? Pour la mise à exécution de l'oeuvre, il ne fallait que quelques sacrifices, insignifiants pour les finances de la colonie, vu le but à atteindre; et, entre autres, quelques concessions gratuites du domaine, pour l'établissement de villages sénégalais, — domaine qui, dans l'état actuel des choses, ne rapporte d'ailleurs rien à votre budget. Qui donc a fini par refuser tous ces sacrifices, et, par conséquent, par tout faire avorter, après avoir, du reste, presque tout accepté au début ? N'est-ce pas votre Conseil général ? Et pour< |uoi, je vous prie, ce refus final après cette acceptation du début? Parce que, à l'origine, et grâce à certaines circonstances, les fauteurs d'immigration réglementée, que Schoelcher appelait si justement de l'esclavage déguisé, avaient trouvé moyen de circonvenir M. Alsace dans une certaine mesure, et de le décider à modifier en partie son projet, dans le sens de leurs vues particulières et personnelles à eux. Alors, tout était bon à accepter. Mais, du moment que, revenu en France, M. Alsace avait dû, non pas seulement sur mes observations, mais sur des observations apparemment plus autorisées que les miennes, revenir aux conditions primitives de liberté de son projet, rien n'avait plus été trouvé acceptable, en aucune façon. Qui donc alors, de votre Conseil général ou de moi, je vous le demande, s'était, dans la circonstance, le plus sérieusement préoccupé et occupé du véritable avenir de notre pays ? Qui donc de nous deux avait sacrifié ce véritable intérêt et cet avenir à des vues exclusives d'immigration réglementée, c'est-à-dire à des vues d'intérêts particuliers, exclusivement restreintes aux besoins particuliers de l'heure présente. — vues à satisfaire, d'ailleurs, toujours au compte général des contribuables?


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