Compte rendu de mon mandat d'octobre 1893 à mai 1898

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— 47 — Dans ces conditions, et étant surtout votre représentant à vous, n'avais-je pas pour premier devoir de me préoccuper, moi aussi, de cette situation, de songer aux remèdes possibles à y apporter; d'aider à ceux qui se présentaient parfois d'eux-mêmes; d'en rechercher même, à tout instant, de nouveaux dans la mesure de mes facultés, — et cela même au risque, parfois, d'éveiller vos susceptibilités, parfois aussi peut-être un peu trop ombrageuses. Eh bien, malgré les accusations d'insouciance et d'inertie dont je ne cesse d'être l'objet, le plus souvent de la part de ceux mêmes qui, précisément, ne se préoccupent aucunement de l'avenir de notre pays, parce qu'ils n'ont pas, comme vous, à s'en donner le souci, ai-je encore ici manqué à mon devoir? Certes, ici encore, je l'avoue, je n'ai pas fait comme font, et auraient apparemment voulu que je fisse, mes adversaires et détracteurs de la Guyane. Je n'ai pas songé, un seul instant, à n'attendre un relèvement, ou plutôt une véritable résurrection de l'agriculture à la Guyane, et par conséquent un avenir de véritable progrès, de véritable prospérité, de grandeur même pour elle, que d'une reprise, désormais chimérique, je l'espère bien, d'une immigration réglementée quelconque. Je n'ai pas songé davantage à n'attendre tout cela que des quelques semblants de créations agricoles, isolées, restreintes, à proximité du chef-lieu, plus semblables à des lieux de plaisance qu'à autre chose, auxquelles quelques capitalistes du pays ne consacrent que quelques miettes de leur fortune, quoique cette fortune, parfois énorme, ne soit toute due qu'au sol même de leur pays. Je n'ai pas songé davantage à n'attendre tout cela que de l'organisation des fameuses grandes Compagnies de colonisation dont je ne crois avoir que de trop justes raisons de me défier pour vous. Je n'ai pas songé, enfin, à n'attendre exclusivement tout cela que du concours et des secours de l'État. Tout en étant profondément convaincu qu'il ne faut l'attendre, en effet, que d'un accroissement, immédiat si possible, de notre population, et de l'apport chez nous de grands capitaux, je n'ai vu et persiste à ne voir dans tous ces prétendus moyens que de vaines illusions, sinon même d'odieuses espérances. En ce qui concerne l'immigration réglementée, je persiste et persisterai toujours à n'y voir qu'un indigne servage, à repousser du premier


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