Compte rendu de mon mandat d'octobre 1893 à mai 1898

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— 41 — aussi, mais plutôt d'y favoriser, au contraire, si possible, votre plus large participation. Ici encore contestera-t-on que ce fût là le but réel que l'on poursuivait ? Que l'on dise donc alors dans quel but, et surtout dans quelles conditions, l'on était allé, à un moment donné, demander à un de vos gouverneurs de fermer le territoire contesté aux habitants de la Guyane, suivant l'expression dont on se servit alors; sous quel prétexte on osa demander cela; et enfin pourquoi le gouverneur refusa, et avec raison. Mais ce que l'on ne pourra certainement pas contester, c'est la démarche que fit auprès de moi-même, à un moment donné, un représentant d'une des grandes Sociétés minières de la Guyane, ayant leur siège social à Paris, pour m'inciter à aller demander au Ministère d'interdire aux travailleurs de la colonie de se rendre au territoire contesté. Je lui demandai de quel droit il pensait qu'on pût interdire à un libre citoyen français de s'en aller de Marseille à Bordeaux, ou de France en Angleterre, si cela lui plaisait; et, par conséquent, de quel droit il pensait qu'on pût interdire à un libre citoyen français de la Guyane de s'en aller de Cayenne à Mapa ou au Carsevène, si cela lui plaisait également. me répondit que c'était que. depuis les découvertes du Carsevène, tous les travailleurs de la Société qu'il représentait à Paris désertaient les placers de cette Société, pour s'en aller au territoire contesté. Je 1 engageai à se pourvoir devant les tribunaux, si ses travailleurs partaient de ses placers en violant les engagements pris par e u x ; mais je me refusai absolument à aucune démarche tendant à entraver la libre circulation des libres citoyens de mon pays. La preuve est-elle assez flagrante ici que ce que l'on poursuivait surtout, c'était vous fermer à vous, les prolétaires, ou comme disent ces messieurs avec raison, les travailleurs, le territoire contesté, afin de le réserver aux seuls capitalistes non travailleurs ? Eh bien, encore une fois, citoyens, c'est à cela que je n'avais aucunement à m'associer. Dès ce moment, tout ce que je viens de vous dire ici ne vous prouvet-il pas que, pas un instant, je n'ai cessé de me préoccuper de cette question du territoire contesté? Mais, j'ai dit plus. J'ai dit que je m'en étais même, et à tout instant, occupé. Eh bien, oui. je m'en suis, sans cesse, effectivement occupé. Mais à quel point de vue ?


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