Compte rendu de mon mandat d'octobre 1893 à mai 1898

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— 39 — n'obligeait nos nationaux à aller au territoire contesté qu'à leurs risques et périls? N'était-ce. par hasard, que pour activer des négociations diplomatiques qu'on en arrivait enfin à Cayenne, jusqu'à organiser toute une manifestation contre le consulat du Brésil, et jusqu'à aller gratuitement insulter le consul brésilien jusque sous ses fenêtres? Voilà pour Cayenne. Quant à ici-même, en France, n'était-ce, par hasard, que pour activer des négociations diplomatiques, qu'une certaine presse, soi-disant coloniale, ne cessait d'objurguer le Ministère, et de le presser de trancher la question du territoire contesté? N'était-ce, par hasard, que pour activer des négociations diplomatiques que. à moi-même, l'on dépêchait, jusque dans les couloirs du PalaisBourbon, de jeunes et ardents folliculaires, pour m'inciter à agir? A cette simple énumération de faits — et il y en aurait bien d'autres à citer — ne saute-t-il pas immédiatement aux yeux, citoyens, que ce que l'on poursuivait, ce n'était pas seulement une rapide conclusion des négociations diplomatiques, mais bien autre chose ? Et quelle autre chose? Tout simplement l'occupation immédiate, violente, par la France, et à main armée, du territoire contesté, rien de moins. Et cela, absolument au mépris de tout droit international, sans motif, sans même un prétexte, le Brésil, pas plus que la France, ne pouvant être rendu responsable des méfaits qui se commettaient sur le territoire contesté, à supposer qu'il s'y en commît réellement; ne pouvant pas même être rendu responsable du massacre des vingt-six braves soldats français, arbitrairement envoyés, au début, à Mapa. D'ailleurs, s'en cachait-on? En aucune façon. A Cayenne, on ne cessait de le crier par-dessus les toits. Ici, la presse dont j'ai parlé ne cessait de l'insinuer. A moi-même, les folliculaires dont j'ai également parlé, n'hésitaient pas à le dire ouvertement. Et toujours, et partout, sous les mêmes vains prétextes. Et pourquoi, je vous prie, toute cette ardente campagne, en tous lieux, pour l'occupation immédiate et à main armée, par la France, du territoire contesté? C'etait que, pour les uns—les capitalistes exploiteurs d'or de la Guyane— la France ne pouvait assez tôt s'emparer de ce territoire, même au mépris de tout droit, même au mépris des négociations diplomatiques ouvertes,


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