Compte rendu de mon mandat d'octobre 1893 à mai 1898

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— 34 — a pas moins vu ce qui s'y trouvait d'apparent et crevait les yeux, sans en deviner le véritable but : c'est-à-dire une sorte de parti pris du Conseil général de n'en plus faire qu'à sa tête, sans aucune considération ni des lois, ni de l'intérêt le plus élémentaire de la colonie, sans considération surtout pour aucune autorité; et c'est alors —je le prétends sans crainte de démenti, — c'est alors seulement qu'il a du prendre définitivement la résolution de mettre un frein à ce débordement d'inexplicables fantaisies, à ce vent de rébellion contre toute légalité, contre toute autorité. Pour la délégation, il n'avait pu que s'y opposer purement et simplement par dépêche. Pour la question de subventions aux communes il crut devoir user, non pas immédiatement de rigueur absolue, et, malgré tout, citoyens, il faut lui en savoir gré, croyez-moi, mais tout au moins d'un moyeu un peu plus comminatoire et positif : d'un premier avertissement, pour ainsi dire, sans de trop grands frais. Et telle a été toute la cause déterminante .la seule cause déterminante du décret du mois d'octobre, c'est-à-dire la folle démission collective de votre Conseil général. A lui donc, à lui seul, toute la responsabilité de tout, à lui d'essayer de s'en dégager vis-à-vis de vous. Et tel a été, dans toute cette affaire, citoyens, et son rôle et le mien. « Mais; allez-vous sans doute dire à votre tour, fallait-il donc s'éterniser dans le statu quo, et fallait-il que le Conseil général ne tentât jamais rien pour tirer les communes de leur malheureuse situation, et essayer d'améliorer leur sort? » Non, certes, citoyens. Mais pour tirer les communes de leur malheureuse situation et améliorer leur sort, n'y avait-il donc pas d'autres moyens que de vouloir tout faire d'un seul coup; que de recourir tout d'un coup, à une énorme élévation de leur subvention habituelle; que de recourir surtout à des voies illégales, pour tout mettre à exécution? Ne s'offrait-il pas des moyens plus sages, absolument légaux, par conséquent plus plausibles, et surtout plus probablement efficaces? Tout d'abord, si votre Conseil général avait voulu sincèrement et réellement aboutir, n'eût-il pas pu et dû se contenter, pour commencer, d'une modeste amélioration du sort des communes, sauf à l'étendre progressivement, d'année en année, au lieu de chercher à tout faire d'un seul coup?


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