Compte rendu de mon mandat d'octobre 1893 à mai 1898

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— 33 — Cela ne prouverait qu'une chose. C'est que même, les manifestations antérieures à la démission collective avaient paru suffisantes au gouvernement pour motiver la mesure du mois d'octobre. Car, comment expliquer cette mesure, sinon par les manifestations mêmes du Conseil général? D'abord, ne cessons de le répéter, par le vote illégal même de l'énorme subvention aux communes; ensuite, par l'insistance du Conseil général en la protestation enflammée adressée au Ministre? Se figure-t-on, par hasard, et oserait-on prétendre que, sans ces manifestations, le gouvernement, de son propre mouvement, sans motifs, sans l'avis du Conseil privé, évidemment provoqué par les agissements du Conseil général, eût songé à restreindre nos franchises locales, et à frapper nos communes, alors que rien ne pouvait le porter même à y penser ? Qui oserait le soutenir sérieusement ? Même en excluant donc la démission collective des causes premières du décret du mois d'octobre, la responsabilité de ce décret n'en resterait pas moins tout entière au Conseil général, comme eût dû lui rester, autrefois, d'ailleurs, toute la responsabilité du décret de suppression des communes en 1890, ce à quoi l'on n'a peut-être pas suffisamment fait attention à l'époque. Mais, je prétends que non seulement il n'y a pas lieu d'exclure cette démission collective de ces causes premières mais encore qu'il y a lieu de la considérer surtout comme ayant été la cause tout à fait déterminante du décret du mois d'octobre. En effet, le premier vote illégal du Conseil général annulé, et le Conseil général se soumettant immédiatement à cette annulation absolument plausible, le gouvernement, je le répète, n'eut certainement pas songé à rendre ledit décret. Mais, le Conseil général persistant, — non seulement par la question même des subventions, mais par celle de la délégation, délégation absolument inutile et ruineuse pour la colonie, ne cessons de le répéter aussi, — persistant jusqu'à la démission collective, c'est-à-dire jusqu'au refus de soumission à toute autorité, même soucieuse des intérêts financiers de la colonie, le gouvernement, pas plus que moi, ne s'y est trompé. Ne pouvant voir, comme moi, dans cette persistance — et pour cause — tout un plan d'ensemble uniquement dirigé contre Franconie, il n'y en


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